1906
– U 1, et cætera
Canzone
française – U 1, et cætera – 1906 – Marco Valdo M.I. – 2011
Histoires
d'Allemagne 07
An
de Grass : 06
Au
travers du kaléidoscope de Günter Grass. : « Mon Siècle » (Mein
Jahrhundert, publié à Göttingen en 1999 – l'édition
française
au Seuil à Paris en 1999 également) et de ses traducteurs français
: Claude Porcell et Bernard Lortholary.
À
Eckernförde, au chantier naval
Dans
le plus grand secret national
On
mettait à l'eau, un beau matin
Notre
U1, notre premier grand sous-marin
|
Cette
fois encore, Lucien l'âne mon ami, nous allons à la mer et même,
plus exactement, sous la mer. C'est une chanson qui relate l’histoire
des sous-marins allemands (Unterseeboote) et cela, à partir d'un
événement de
l'année
1906 : la livraison à la Marine Impériale du premier sous-marin
allemand
: le U 1 (Unterseeboot 1), ainsi nommé en bonne logique et le
suivant,
c'est assez farce dans un site de chanson s'appellera : U2, et ainsi
desuite, d'où, le « et cætera ». Enfin, relater n'est
pas le mot exact, ce serait plutôt, qui évoque. Ce n'est pas qu'on
ait ici un goût particulier pour
l'historiographie
guerrière, loin de là. On préfère essayer de comprendre la
guerre
pour mieux la dénoncer et forcément, en limiter les effets,
notamment les effets de la guerre sous l'angle militaire. Ce n'est
pas simple. Sachant que la guerre militaire est toujours la
résultante de soubresauts qui se déroulent à l'intérieur de la
Guerre de Cent Mille Ans que les riches font aux pauvres pour
accroître leurs richesses, leurs pouvoirs, leurs privilèges, leurs
possessions... J'ajoute que ces riches peuvent être de conformations
diverses : ce peut être des gens, ce peut être des entités
économiques, des entités étatiques, des groupes, des bandes ...
Mais tous ont le même comportement général, le même but... Même
s'il existe des rivalités entre riches, l'addition est toujours très
lourde pour les pauvres. En fait, et en définitive, ce sont toujours
eux qui finissent par payer la note. Il y a donc tout intérêt à
limiter les guerres dans leurs versions les plus brutales et les plus
criminogènes.
Je
te comprends, mon ami Marco Valdo M.I. et je vois bien le sens de ce
que tu me dis. Mais, dis-moi, que raconte exactement cette canzone ?
Comme
je te l'ai dit, elle prend le prétexte ou elle a comme point de
départ,
c'est
comme on voudra, le lancement en août 1906 – il y a déjà un
siècle, du premier sous-marin allemand à Kiel. Ce n'est pas ici,
non plus, le lieu de faire l'histoire des sous-marins depuis
l'Antiquité, quoique cette histoire
existe
véritablement. Il s'agit juste, ainsi que je l'ai dit dès le
départ, de
suivre
Günter Grass dans ses pérégrinations au travers du XXième siècle,
soit
de 1900 à 2000. Cependant, cette pérégrination, outre de sortir de
l'imagination
et des méditations d'un des plus grands écrivains du siècle
écoulé,
a également le mérite de lever un peu le voile sur la question «
comment
en est-on arrivé là ? » (par exemple, aux folies démentes du
Reich
de
Mille Ans), vu par un écrivain – allemand. Et ici, en ce qui
concerne
spécifiquement,
les sous-marins et les sous-mariniers, les dégâts qu'ils
causèrent
et qu'ils subirent. On verra également combien – et c'est à mon
avis
une loi du genre – la guerre est un jeu idiot, où il n'y a jamais
de
vainqueurs
tant les additions sont lourdes. C'est le jeu de « Qui gagne, perd
aussi ».
J'imagine
bien que ni Günter Grass, ni toi, n'avez l’intention de faire de
l'apologie
guerrière.
En
effet, on verra à la fin de la canzone que c'est bien le contraire.
Pour en
revenir
à une particularité extraordinaire de cette canzone, fidèlement
reprise
de l'année 1906 de Günter Grass, c'est la présence du récit dans
le
récit,
d'un récit de Conan Doyle dans un récit de Günter Grass…
Et
du récit de Günter Grass dans la canzone, qui est elle-même un
récit..., dit Lucien l'âne en riant de tout son piano facial.
Mais
il y a plus... Le récit de Conan Doyle est une sorte de discours de
Cassandre...
Il raconte en fait l'intervention (victorieuse dans son récit) des
sous-marins
de la Norlande contre l'Angleterre... Récit prémonitoire, s'il en
fut. Il s'en est fallu de pas grand chose pour qu'il en soit ainsi et
que les sous-marins (U-Boote) mettent à genoux l'Angleterre... et
cela, dans les deux guerres. Mais ceci sort du cadre de la canzone...
Il y a une dernière chose, c'est le titre lui-même et le refrain,
U1 et cætera – qui renvoie à La Marseillaise
,vue par Serge Gainsbourg... qui fit tant rager certains militaires
nationalistes français. Manière comme une autre de faire un clin
d’œil à ce grand garçon
de
la chanson.
Tout
ça n'empêche pas, dit Lucien l'âne, bien au contraire, que nous
reprenions
notre tâche quotidienne qui, je le rappelle, est de tisser le
linceul
de
ce vieux monde trop militaire et cacochyme.
Heureusement !
Ainsi
Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane.
À
Kiel, j'y étais le 4 août
Au
mois de Marie, au mois le plus doux
À
Eckernförde, au chantier naval
Dans
le plus grand secret national
On
mettait à l'eau, un beau matin
Notre
U1, notre premier grand sous-marin
Trente
mètres de fond et hop, au large
L'ennemi
n'en mènera pas large
Plongée
rapide, périscope aux aguets
Les
bateaux sont en vue de la terre
«
Torpille... Feu ! » Coulé ! Nous, on applaudissait.
Ce
n'est encore qu'un rêve. Vivement la guerre !
Ah,
ils en feront couler les gars
Des
bateaux des grands, des lourds, des invincibles
Ah,
ils en feront des dégâts.
C'est
la chanson de l'Untersee, c'est la chanson du submersible
U1,
et cætera, U1, et cætera,
U1,
et cætera, U1, et cætera…
Le
capitaine John Sirius l'a prédit
Et
ce sera ainsi
Les
submersibles s'en iront sous l'eau
Piéger
la Tamise, couler les bateaux
Alpha,
Bêta, Gamma, Thêta, Delta, Epsilon, Iota
Ne
se rendront pas
On
coulera, dit Doyle, l'Adela – chargé d'agneaux
Et
chargés de blé, le Moldavia et le Cusco
L'avertissement
de Sir Arthur intitulé « Danger »
Eut
l'effet escompté, l'Angleterre put se sauver
Et
nos submersibles par centaines furent coulés
Et
nos gars moururent par milliers.
Ah,
ils ont coulé nos gars
Nos
sous-marins sont de belles cibles
Ah,
par milliers, ils n'en reviendront pas
C'est
la chanson de l'Untersee, c'est la chanson du submersible
U1,
et cætera, U1, et cætera,
U1,
et cætera, U1, et cætera...
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