1955
– L'Antiatomique
Canzone française – L'Antiatomique – Marco Valdo M.I. – 2011
Histoires d'Allemagne 56
An
de Grass
55
Au
travers du kaléidoscope de Günter Grass. : « Mon Siècle » (Mein
Jahrhundert, publié à Göttingen en 1999 –
l'édition française au Seuil à Paris en 1999 également) et de ses traducteurs français : Claude Porcell et Bernard Lortholary.
l'édition française au Seuil à Paris en 1999 également) et de ses traducteurs français : Claude Porcell et Bernard Lortholary.
Mon père un fameux bricoleur
Construisait après ses heures
Un abri antiatomique
|
Mil
neuf cent cinquante-cinq, souviens-toi Lucien l'âne mon ami... En
cinquante-cinq, on était en pleine guerre froide, en plein milieu
d'un affrontement des Titans... De froide, cette guerre risquait bien
de passer à des températures solaires et d'irradier toute la
planète de son réchauffement. On en était à gonfler les biceps
militaires, à pousser les poitrails en avant, à défiler on ne peut
plus militairement, à lever les mentons, à lancer des invectives...
Le pire était que ceux qui se lançaient dans pareilles rodomontades
n'étaient pas des gens de puissances mineures comme l'Italie ou la
France, mais les deux pays les plus lourds du monde sur le plan
militaire : les Zétazunis et l'URSS (Union des Républiques
Socialistes Soviétiques). Chacun de ceux-ci disposait d'un arsenal
considérable et chacun d'eux détenait l'arme suprême, la bombe
atomique. Et regarde, Lucien l'âne mon ami, cette année 1955, c'est
l'année de l'entrée de l'Allemagne (la demie de l'Ouest) dans
l'OTAN et de la création du Pacte de Varsovie, où se retrouvera
l'autre, la Démocratique. C'est aussi l'année de la conférence de
Bandoeng, où le Tiers-Monde essaye de prendre pied dans le monde...
En grande part, cette partie-là du programme a échoué. C'est dans
ce climat que le père de la narratrice décide, à l'instar des
Suisses, de bâtir un abri atomique pour sa famille. Comme tu le
verras, c'est toute une aventure. Personne ne l'aide, il va donc le
construire tout seul, de ses mains... Malheureusement, il n'a rien
d'un ingénieur et il finira sous les décombres de sa propre
construction.
Que
voilà bien une terrible histoire, dit Lucien l'âne en secouant sa
crinière.
Mais,
écoute bien la suite, Lucien l'âne mon ami. Je me demandais comment
raconter cette histoire-là en chanson et il m'est venu une idée, un
refrain en tête où il était question d'une bombe atomique.
Parenthèse, cinquante-cinq, c'est l'année de la mort d'Albert
Einstein... Et le refrain tournait, tournait comme une valse... Non,
comme un java... Il sautait, il tressautait, il était très
entraînant. Une Java des bombes atomiques... Et précisément, mon
souvenir était exact, il en existe une de ces chansons qui porte ce
titre « La Java des Bombes atomiques »
[[http://www.antiwarsongs.org/canzone.php?id=664&lang=it]] et
c'est une chanson de Boris Vian.
Eh
bien, dit Lucien l'âne vivement intéressé. Tu n'en as quand même
pas refait une...
Eh
bien, si, précisément... J'ai repris celle de Boris Vian et je l'ai
adaptée, j'en ai fait une parodie, tu sais bien que c'est ma manie,
la parodie. Évidemment, l'oncle bricoleur de Vian est devenu le père
de la jeune personne, qui narre l'aventure. Pour le reste, j'ai suivi
le fil.
Ah
mais, voilà une plaisante manière de raconter une histoire
d'Allemagne. Günter Grass revisité par Boris Vian ou l'inverse. Et
puis, voilà aussi, je suppose un épisode de la Guerre de Cent Mille
Ans...
Remarque
bien qu'on en parle dans la chanson de cette foutue Guerre de Cent
Mille ans que les riches et les puissants se font entre eux en se
servant des pauvres comme de paravents... Peu importe finalement le «
régime »... En géopolitique, les régimes, c'est comme en
alimentation, il y en a pour tous les goûts, mais ce sont toujours
des escroqueries, ce sont toujours des gens qui s'arrangent pour
détenir le pouvoir et devenir riches en exploitant les pauvres, en
les écrasant sous leurs armes, en les obligeant au travail... Voilà
comment va le monde... Du moins, jusqu'à présent.
Eh
oui, c'est bien pour cela que je t'invite à, comme moi et tout aussi
obstinément, à tisser le linceul de ce vieux monde plein de
militaires, de civils militaristes, d'enthousiastes atomiques et de
surcroît, cacochyme.
Ainsi
Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane.
Mon
père un fameux bricoleur
Construisait
après ses heures
Un
abri antiatomique
Il
le faisait à sa façon
Il
coulait le béton
Il
empilait les briques
Dès
qu'il rentrait de sa journée
Il
courait à son chantier.
Et
le soir quand il rentrait chez nous
Pendant
le journal-télé
Il
mangeait sa soupe aux choux
Gardait
l'air renfrogné
Et
nous racontait tout.
De
nos jours, vous le savez bien
On
n'est plus sûr de rien,
Avec
tout ce qui se passe.
Avec
toutes leurs armées,
Avec
toutes leurs fusées
La
guerre nous menace.
Ils
ont maintenant une bombe H
Et
si demain, ils la lâchent.
Voilà
ce qui me tourmente
Je
vous ai construit une maison
Mais
c'est la protection
Qui
est déficiente.
Y
a quéqu'chos' qui cloch' là-d'dans
J'y retourne immédiat'ment
J'y retourne immédiat'ment
Quand
il a signé pour la maison
Il
déclara : nous allons
Croyez-moi
mes enfants
C'est
le plus important
C'est
pas un mince boulot
Mais
par sécurité, il faut
Hiroshima,
Nagasaki
Nous
construire un abri.
À
l'administration, il présenta
Des
plans, des schémas
D'un
sous-sol pour six ou huit
Avec
une porte étanche, un sas
Papa,
c'est sûr, était un as.
Voyez
comme va la vie,
À
la maison des trois filles
Dans
le jardin de notre maison,
Nous
on faisait des plantations
Papa
se réservait tout un coin
Dans
le fond du jardin
Pour
y faire un bunker.
Quand
l'Allemagne tout entière.
Se
retrouva au milieu du jeu
En
cas de guerre atomique
On
l'a pris au sérieux
Deux
millions de morts, sans compter
Les
blessés et ceux de la Démocratique
Finalement,
Papa ne s'était pas trompé.
Croyant
proches les coups d'éclats
Et
la folie des chefs d'État
Sûr
de soi et en homme décidé,
Papa
tout seul entreprit de creuser
Après
son travail et de ses mains
À
la pelle, dans le fond du jardin
À
plus de quatre mètres cinquante
Des
fondations étonnantes
Qu'en
un dimanche, il bétonna
L'autre
dimanche, tous les murs, il édifia
Au
troisième, il en était à placer la coupole
Un
gros béton en forme de bol
Quand
sur lui, tout s'effondra
Ainsi
sous son abri finit papa.
Ce
fut sa tombe en somme
Le
pommier y posait ses pommes
On
n'a pas achevé cette basilique
Puis,
on a marché contre l'atomique
Contre
les fusées, contre l'Otan
Contre
les militaires, contre les guerres
Et
tout ça, mon lapin...
Ça
n'a servi à rien
Mon
père un fameux bricoleur
Construisait
après ses heures
Un
abri antiatomique
Il
le faisait à sa façon
Il
coulait le béton
Il
empilait les briques
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