1958
– Les Ambassadrices
Canzone française – Les Ambassadrices – Marco Valdo M.I. – 2012
Histoires
d'Allemagne 59
An de Grass : 58
An de Grass : 58
Au
travers du kaléidoscope de Günter Grass. : « Mon Siècle » (Mein
Jahrhundert, publié à Göttingen en 1999 –
l'édition française au Seuil à Paris en 1999 également) et de ses traducteurs français : Claude Porcell et Bernard Lortholary.
l'édition française au Seuil à Paris en 1999 également) et de ses traducteurs français : Claude Porcell et Bernard Lortholary.
Un peuple, deux États, deux ambassadrices
Aux longues jambes séductrices
|
Mil
neuf cent cinquante-huit, un peuple, deux États, deux ambassadrices,
aux jambes longues, longues, longues. Voilà ce que raconte le
narrateur de cette histoire d'Allemagne. Qui est ce narrateur, je ne
pourrais te le dire. Tout ce que je puis en savoir est ce qu'il en
dit lui-même.
Et
que dit-il exactement ?, dit Lucien l'âne en ouvrant des yeux grands
comme le Schwartzsee et en redressant l'oreille gauche en point
d'interrogation.
Il
dit très précisément : « Leur double beauté m'attirait »... et
on le comprend ; je veux dire, je le comprends aussi bien que je ne
comprends pas ce qui fait qu'on se laisse séduire et attirer par la
beauté...
On,
dit Lucien l'âne en rigolant tout en effectuant de jolis
soubresauts, je veux dire, tu galèjes ? J'imaginais
parfaitement que tu te laisserais séduire par de telles Germaines.
Mais qu'en est-il de ce narrateur et de ce qu'il disait ?
On,
je veux dire, je, j'y reviens à l'instant , dit Marco Valdo M.I.
lui-même hilare. Il dit « De toute façon, les grands airs (de
l'opéra) de Düsseldorf commençaient à me faire bâiller. Et comme
après la mort de Maman, je n'ai pas voulu épouser de Conseil de
surveillance de notre florissante usine de lessive... » En fait,
quand on décrypte la chose, il devrait s'agir d'un descendant de
Fritz Henkel, le fabricant de lessives et de mille autres produits
bien connus. Voilà pour le narrateur. Quand aux deux donzelles,
jumelles blondes aux yeux bleu clair, donzelles de près d'un mètre
quatre-vingts, elles firent des ravages dans l'imaginaire masculin de
l'époque, et depuis ce moment jusqu'encore aujourd'hui où elles
hantent les souvenirs de tant d'enfants du baby-boom. Il s'agit bien
sûr, tu l'auras deviné, des sœurs Kessler... Ce n'étaient ni des
chanteuses exceptionnelles, ni des actrices remarquables, mais de
splendides danseuses de charme. Elles ont quand même passé une
vingtaine d'années en Italie, où les Gemelle firent l'objet d'un
véritable engouement du public télévisuel. Et le narrateur n'a pas
tort lorsqu'il dit qu'elles furent – en quelque sorte – le
véritable miracle de la renaissance allemande.
Voilà
des dames bien passionnantes..., s'ébroue l'âne Lucien.
C'est
certain et bien des mâles en furent pour leurs frais... Elles se
révélaient inapprochables... Si tu vois ce que je veux dire.
D'ailleurs, à ces indélicats qui les traitaient d' « ice creams »
(ce qui est assez réfrigérant...), elles répondaient « hot dogs
» (chiens en chaleur...). Mais foin de ces marivaudages, je voudrais
quand même que tu notes que l'entreprise Henkel (le fameux Konzern
dont parle le narrateur) – qui comme toutes les autres avait
largement collaboré au régime du Reich de Mille Ans, s'était vu
remettre ses biens confisqués et fut relancée dans la Düsseldorf
d'après-guerre. Cela aussi a contribué (guerre froide oblige !) à
édifier le « miracle économique allemand ». À propos, te
souviens-tu du nom du Dictateur de Chaplin
[[http://www.antiwarsongs.org/canzone.php?id=7631&lang=it]]...
Si
je me souviens bien, dit l'âne Lucien, il se nommait Hinkel, Adenoid
Hynkel... C'est peut-être une coïncidence.
Peut-être...
Mais, sincèrement, j'imagine le contraire ; je croirais plutôt à
un mot-valise , un croisement entre Hitler et Henkel. Enfin bref, on
prend les mêmes et on recommence. Et voilà qu'aujourd'hui, l'Europe
risque fort de payer pareille bévue. Elle est en train – les Grecs
en premier, après les Allemands de l'Est et tous les Allemands
pauvres eux-mêmes – de subir le « miracle politique allemand »?
Cependant, je ne dirai rien de ses dirigeants actuels, car – tu le
devines – ils n'ont que peu d'influence sur la dérive, la grande
erre de ce monstre gigantesque, ce Minotaure prussien toujours à
l'œuvre dans son labyrinthe. Comme bien tu le comprends, ce dragon
est insatiable et il va continuer à réclamer – jusqu'à ce qu'on
le tue – qu'on lui serve tout ce qu'il réclame... Voilà ce que
dit réellement cette chanson...
Mais
alors, dit Lucien l'âne, c'est nous, ce sont les pauvres de l'Europe
qui allons payer les frais du « miracle économique allemand », qui
allons – dans cet épisode de la Guerre de Cent Mille Ans que les
riches font aux pauvres pour étendre leur domination, pour accroître
leur richesse, pour assurer leur pouvoir, pour multiplier leurs
profits – comme ils l'ont fait aux Grecs, devoir subir des
restrictions en tous genres, sous peine de répressions féroces.
Dans ce cas, Marco Valdo M.I. mon ami, il est plus urgent encore que
nous poursuivions notre tâche qui consiste, je te le rappelle, à
tisser inlassablement le linceul de ce vieux monde boulimique,
ravageur, insatiable, vampirique et cacochyme.
Heureusement !
Ainsi
Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane.
Bons
baisers à bientôt
Ton
amour me manque trop
Un
peuple, deux États, deux ambassadrices
Aux
longues jambes séductrices
Elles
chantaient des pots pourris
En
allemand à Berlin
En
français à Paris
Et
à Rome, en italien.
Alice
et Ellen Kessler chantaient
Aux
Zétazunis en anglais
La
« Sensation of Germany »
De
sa danse conquérait tous les pays.
Oh,
les belles duettistes
À
l'accent saxon
Oh,
les belles gambettes
La
Germaine sensation.
Pas
de messieurs dans les loges des belles
Disait
la « campanule »,
La
maîtresse des Bluebelles,
Le
chaperon majuscule
Kessler Zwillinge, Gemelle Kessler
Mes
deux jumelles aux yeux pers
Au
joli nom de Soeurs Kessler
Étaient
nées au temps d'Hitler.
Deux
Marlènes, doubles beautés,
Mystère
ensorcelant de la gemellité
Bien
des femmes n'aimaient pas leurs pas
Si
bien cadencés... Allez savoir pourquoi.
Rejointes
un temps au Lido
Par
deux anglaises aussi jumelles qu'elles
On
les voyait de face, on les voyait de dos
Mais
on ne savait jamais laquelle.
En
ce temps-là, pour des Teutonnes,
Jolies
et jumelles synchrones
Lys
de Saxe aux yeux pervenche
Danser
à Paris, quelle pacifique revanche
Mes
impeccables danseuses étaient si belles
Leurs
jambes en vision stéréoscopique
Ah,
Alice ! Hé ! Ellen ! Manœuvres diplomatiques.
Le
vrai miracle allemand cette paire de jumelles.
Bons
baisers à bientôt
Ton
amour me manque trop.
Un
peuple, deux États, deux ambassadrices
Aux
longues jambes séductrices
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