1959
– Oscar, Oscar ou La Danse du Tambour
Canzone française – Oscar, Oscar ou La Danse du Tambour – Marco Valdo M.I. – 2012
Histoires d'Allemagne 60
An
de Grass : 59
Au travers du kaléidoscope de Günter Grass. : « Mon Siècle » (Mein Jahrhundert, publié à Göttingen en 1999 –
l'édition française au Seuil à Paris en 1999 également) et de ses traducteurs français : Claude Porcell et Bernard Lortholary.
Au travers du kaléidoscope de Günter Grass. : « Mon Siècle » (Mein Jahrhundert, publié à Göttingen en 1999 –
l'édition française au Seuil à Paris en 1999 également) et de ses traducteurs français : Claude Porcell et Bernard Lortholary.
Mil
neuf cent cinquante-neuf... Voici mon ami Lucien l'âne une histoire
d'Allemagne un peu particulière. Car elle évoque la réalité sous
des angles bien différents et joue sur le prisme dont il est
question dans les quelques lignes d'introduction du cycle « Mon
Siècle ». C'est une chanson sur une année historique...
Mais,
Marco Valdo M.I., laisse moi te dire, mon ami, que toutes les années
sont historiques...
Sans
doute, sans doute me suis-je mal exprimé ; sans doute, sans doute me
suis-je laissé prendre aux regrettables tics de langage qui
parsèment les propos de nos contemporains. Un récit, quel qu'il
soit, je te le concède volontiers, est toujours historique et a
fortiori, une année... Où pourrait-elle être ailleurs que dans
l'histoire ?
C'est
bien ce que je voulais te faire remarquer, dit l'âne Lucien en
riant.
Donc,
1959 est une année remarquable pour nos histoires d'Allemagne et
elle l'est à plusieurs titres. La première raison est que le
narrateur et l'auteur se confondent. Cette danse du Tambour est
dansée par le narrateur et sa compagne, la danseuse Anna...
Précisément, sur un air de dixieland... Musique venue des
lointaines Amériques... Ce caractère autobiographique et sensuel
est assez exceptionnel pour qu'on le remarque...
Je
me souviens cependant, Marco Valdo M.I. mon ami, d'une autre année
de tes Histoires d'Allemagne où un écrivain (lui aussi) emmenait
danser une jeune personne... C'étaient Peter Panter et mademoiselle
Ilse en 1921.
[[http://www.antiwarsongs.org/canzone.php?id=37875&lang=it]].
D'autant
plus remarquable que c'est l'année de la venue au monde du
Blechtrommel (venue au monde littéraire, s'entend). Et c'est là un
événement considérable... Sur le moment-même, c'est ce qui
justifie et la danse et la canzone ; mais surtout, un événement
considérable car ce roman est – du moins, à mes yeux – un des
textes, une des histoires, une des œuvres importantes de Günter
Grass et par conséquent, une œuvre importante de la littérature.
Elle l'est aussi car elle est la matrice de ces Histoires d'Allemagne
que je te raconte à présent. Et ainsi que tu le sais, toi qui es
une histoire vivante, ce Tambour de fer blanc
[[http://www.youtube.com/watch?v=PV-cRHZQo8E]], Oscar, Oscar, qui
réussit à désynchroniser la splendide fanfare du Reich de Mille
Ans et à faire revenir le portrait de Beethoven sur la cheminée en
lieu et place du moustachu dément, est, en fait, le premier chapitre
du long roman que Günter Grass a écrit pendant des dizaines
d'années.... Mais il y a d'autres raisons à l'historicité de cette
canzone...
Si
tu voulais bien préciser, je comprendrais peut-être...
Cette
année 1959 a ceci d'historique qu'elle est l'année où le
socialisme allemand a définitivement capitulé face au capital... et
a – lors du Congrès de Bad-Godesberg – abandonné ses principes,
dont la présence dans ses statuts n'était d'ailleurs plus que très
formelle – afin de pouvoir entrer dans les sphères du pouvoir.
Mais enfin, elle existait encore. Ceci marque en quelque sorte la «
trahison des clercs » et en même temps, l'abandon de toute volonté
de mettre fin à la domination des riches sur les pauvres, de même
faire allusion à la Guerre de Cent Mille Ans que les riches font aux
pauvres pour maintenir leur domination, pour développer leurs
pouvoirs, pour étendre l'exploitation, pour accroître leurs
richesses... C'est l'illustration du grand renoncement... Et
aujourd'hui, ceci s'étend à l'ensemble de la « Grosse Europe ».
Est-ce
que cela a tant d'importance ?, dit Lucien l'âne avec une lueur
d'ironie dans son œil lunaire...
Finalement,
Lucien l'âne mon ami, je crois bien que non. Ce n'était qu'une
péripétie dans cette longue guerre défensive des pauvres, ce
n'était qu'une trahison, une félonie parmi tant d'autres... Mais
elle éclaire le présent et d'autres félonies du genre en cours
actuellement... Elle permet de mieux percevoir quel est le prix du
ralliement aux institutions... On n'accède pas impunément au
pouvoir... Quant à ce qu'il faut y faire pour y rester... Cela dit
et pour te dérider un peu, je t'invite à voir Marguerite
[[http://www.dailymotion.com/video/x1idqq_la-vache-et-le-prisonnier_shortfilms]]
défiler au son de la fanfare devant une escouade de nazis au
garde-à-vous... Un grand moment cinématographique... Au fait, c'est
fou ce qu'il y a de fanfares dans les cérémonies officielles...
Moi,
j'aime beaucoup cette Marguerite..., dit Lucien l'âne en riant. Je
crois bien que je l'avais rencontrée un jour où elle était en
goguette sur les bords du Danube... Cela dit, Marco Valdo M.I.,
toutes ces digressions ne doivent pas nous faire oublier notre tâche
qui, je te le rappelle, consiste à tisser chaque jour le linceul de
ce vieux monde félon, fanfaron, militaresque et cacochyme.
Heureusement !
Ainsi
Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien l'âne
Pour
nous réchauffer, cette année-là
Dans
ce Berlin glacial, on dansait avec Anna
Bien
à l'écart de la Foire du Livre
Des
dizaines de milliers de livres
Des
milliers de visiteurs
On
dansait aux frais de l'éditeur
C'était
l'année du Tambour
Le
fruit de nos amours
À
Bad-Godesberg, cette année-là
Le
socialisme allemand capitula
Une
reculade digne d'Iena
Et
les conséquences sont là
Côté
littérature, mon premier grand pas
Sept
cent et trois pages, quel cinéma !
Les
tirages montaient jusqu'au Japon
Avec
le dixieland, Anna perdait son jupon.
Sur
l'écran, Fernandel et Marguerite
Passent
en revue des troupes émérites
Je
lance Anna, la danseuse de chez Nora
D'un
bras ferme tout au bout de mes doigts
Je
rattrape Anna, la danseuse de chez Nora
D'un
bras ferme tout au bout de mes doigts
J'entends
le tambour de son cœur qui bat
On
crie Oscar, Oscar. Oscar, ce soir, c'est moi !
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