1969
– Carmen et la Lune
Canzone
française – Carmen et la Lune – Marco Valdo M.I. – 2012
Histoires
d'Allemagne 70
Au travers du kaléidoscope de Günter Grass. : « Mon Siècle » (Mein Jahrhundert, publié à Göttingen en 1999 – l'édition française au Seuil à Paris en 1999 également) et de ses traducteurs français : Claude Porcell et Bernard Lortholary.
Au travers du kaléidoscope de Günter Grass. : « Mon Siècle » (Mein Jahrhundert, publié à Göttingen en 1999 – l'édition française au Seuil à Paris en 1999 également) et de ses traducteurs français : Claude Porcell et Bernard Lortholary.
Voici
donc, mon ami Lucien l'âne, une nouvelle Histoire d'Allemagne, celle
de l'année 1969. Et voici, une nouvelle narratrice, elle s'appelle
Carmen et cette année-là, elle fréquentait du haut de ses deux ou
trois ans la crèche des étudiantes mères célibataires de Bochum.
Par parenthèse, le combat pour des crèches est toujours
d'actualité... et en Allemagne, plus encore depuis la disparition de
la République Démocratique... Et afin que nul n'en ignore, cette
très jeune personne se présente dès le début de la canzone : «
Moi, Carmen l'indomptable... »
Ça
promet, dit Lucien l'âne secoué par un rire quelque peu explosif.
Elle ne manque pas d'air, si tu veux mon avis.
Cette
Carmen est une personne fort pétillante et assez fière d'elle-même.
Et elle ne manque pas d'air... Tu ne pouvais mieux dire. En effet,
elle n'hésite pas un instant à s'assimiler à la célèbre Carmen
de Bizet [[http://www.youtube.com/watch?v=djsuP0uta7s]], dont elle
nous chante sans atermoiement les deux airs les plus connus. C'est sa
carte de visite en quelque sorte. Et quelle présentation de soi-même
: « Si je t'aime, prends garde à toi... ». Elle raconte la crèche
de son enfance et les événements qu'une enfant a pu retenir de ces
temps lointains. Je te les résume : la mort de Jan Palach, les deux
astronautes sur la Lune, l'élection de Willy Brandt comme chancelier
et les péripéties de la vie dans son monde de la crèche... Ces
péripéties d'enfants montrent d'ailleurs la différence d'approche
entre les « prolos » et les étudiants. Question cruciale à cette
époque où les étudiants, du moins, une partie d'entre eux,
tentaient de se fondre dans le monde ouvrier...
À
mon sens d'âne, elle le reste. Il va de soi que cela ne peut
concerner qu'une frange des étudiants et par extension, la frange
des ex-étudiants, diplômés ou non, devenus « manœuvres
intellectuels » – autrement dit, ceux qui ne renient pas leur
révolte et sont rétifs aux sirènes des riches. Ceux qui gardent en
leur tête et en leur cœur notre sentence : Ora e sempre :
Resistenza ! Ce sont ceux-là qui ont choisi le camp des pauvres dans
la Guerre de Cent Mille Ans que les riches font aux pauvres afin
d'accroître leur puissance, de multiplier leurs profits, d'étendre
leurs propriétés, d'imposer le travail obligatoire, de voler la vie
des pauvres gens. Je ne sais trop combien ils sont, mais ils ont tout
du tisserand, du canut qui tisse jour après jour, comme nous
entendons le faire, le linceul de ce vieux monde ennuyeux, plein de
vide, insupportable, chaotique et cacochyme (
Heureusement !
Ainsi
Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane
Je
te le dis, moi, Carmen l'indomptable
L'époque
est folle et tout est difficile
Sans
mentir, le monde est vraiment insupportable
Dis-donc
Carmen, de quoi s'agit-il ?
Je
suis Carmen, née dans la Ruhr
Je
suis Carmen et je connais l'amour.
Et
quand on parle de Carmen
On
entend toujours cette rengaine :
«
L'amour est enfant de Bohême,
Il
n'a jamais, jamais connu de loi,
Si
tu ne m'aimes pas, je t'aime,
Si
je t'aime, prends garde à toi ! »
Ou
encore
«
Toréador, en garde !
Toréador
! Toréador !
Et
songe bien, oui, songe en combattant
Qu'un
œil noir te regarde
Et
que l'amour t'attend,
Toréador,
l'amour, l'amour t'attend ! »
En
1969, dit Carmen, hélas...
L'année
avait mal commencé
À
Prague, sur la place Wenceslas,
Jan
Palach par le feu s'était immolé
J'étais
encore à la crèche des étudiantes
Une
vraie crèche de la fin des années soixante
Autogestion,
assemblées, ça discutait
Maman
n'était pas étudiante, elle nettoyait
À
Bochum, notre crèche dans des bureaux
Finalement,
c'était plutôt rigolo
Au
début, y avait les enfants d'étudiantes célibataires
Et
plus tard, sont venus les enfants de prolétaires
Nous
les prolos, on a foutu le bordel, à peine arrivés
Avec
leurs méthodes, ils n'arrivaient pas à nous calmer
Nous
les mômes, on voulait tout et rien partager
Les
poupées, les jouets, on voulait tout garder.
À
l'été, moi et les autres, scotchés à la télé
On
zyeutait les hommes sur la Lune
Avec
leurs étranges costumes
Et
leur drôle de drapeau étoilé.
On
a dessiné tout ça : par terre, sur les murs
Après,
ma mère a tout nettoyé...
Et
puis, aux élections, c'est sûr
C'est
son Willy qui a gagné
Croyez-moi
ou ne me croyez pas
Après
tant de temps, j'en rêve encore moi
De
la crèche des étudiantes
De
la fin des années soixante.
Je
suis Carmen, née dans la Ruhr
Je
suis Carmen et j'ai connu l'amour.
Et
quand on parle de Carmen
On
entend toujours cette rengaine :
«
L'amour est enfant de Bohême,
Il
n'a jamais, jamais connu de loi,
Si
tu ne m'aimes pas, je t'aime,
Si
je t'aime, prends garde à toi ! »
Ou
encore
«
Toréador, en garde !
Toréador
! Toréador !
Et
songe bien, oui, songe en combattant
Qu'un
œil noir te regarde
Et
que l'amour t'attend,
Toréador,
l'amour, l'amour t'attend ! »
Dis-donc
Carmen de quoi s'agit-il ?
L'époque
est folle et tout est difficile
Sans
mentir, ce monde est vraiment insupportable
Je
te le dis, moi, Carmen l'indomptable.
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