1961
– Le Jeu du Pendu
Canzone
française – Le
Jeu du Pendu –
Marco Valdo M.I. – 2012
Histoires d'Allemagne 62
Histoires d'Allemagne 62
An
de Grass : 61
Au travers du kaléidoscope de Günter Grass. : « Mon Siècle » (Mein Jahrhundert, publié à Göttingen en 1999 –
l'édition française au Seuil à Paris en 1999 également) et de ses traducteurs français : Claude Porcell et Bernard Lortholary.
Au travers du kaléidoscope de Günter Grass. : « Mon Siècle » (Mein Jahrhundert, publié à Göttingen en 1999 –
l'édition française au Seuil à Paris en 1999 également) et de ses traducteurs français : Claude Porcell et Bernard Lortholary.
Mil
neuf-cent soixante et un... Quelle année pour une histoire
d'Allemagne... Figure-toi, Lucien l'âne mon ami, que cette année-là,
une jeune femme allemande, grande, blonde, bref, conforme à l'image
de l'Allemande, originaire de Breslau en République Démocratique
Allemande, après de solides études d'ingénieur, s'en vint avec
papa, maman et toute la famille, vivre à Stuttgart en Western
Germanie. Elle se prénommait Marlène... Je te jure que je n'invente
pas. Un prénom qui remuait les foules et spécialement, les
militaires. Mais passons. Marlène Schmidt avait un physique
d'enfer... Elle devint Miss Bade-Wurtemberg... Un peu plus tard, Miss
Allemagne et pour finir, Miss Univers. Après les footballistes
champions du monde aux amphétamines, après Hary et ses lacets,
voici donc encore une fois l'Allemagne au sommet. Grâce à Marlène
et ses... et son physique d'enfer.
C'est
passionnant, en effet, dit Lucien l'âne. Mais encore...
Mil
neuf-cent soixante et un... Ce fut une année terrible. C'est l'année
où le divorce allemand fut consommé ; on partagea la chambre en
deux à l'aide d'une belle cloison toute neuve. De hardis maçons
militaires en quelques heures édifièrent un mur que par la suite,
on consolida. Ce fut un grand spectacle, tout le monde y mit le
paquet. Une surperproduction mondiale. Pour les télés, pour les
journaux, il fallait de la sensation. Des morts à chaque étage pour
meubler les émissions... Et, dès lors, on en trouva. Mais notre
narrateur, quelqu'un qui a vécu l'affaire sur le terrain et même
plutôt, en dessous, rapport aux tunnels et aux souterrains qu'il
creusait avec les copains... Pour aller voir sa fiancée, pour aller
et venir tranquillement... Au départ, leur truc, à ces jeunes
Allemands des deux côtés, c'était faux papiers et compagnie, mais
un jour, ça n'a plus marché... À cause du mur et du ramdam qu'il a
déclenché. Des avions partout, tout le temps, pendant des mois...
C'est ça qu'elle raconte notre histoire d'Allemagne, cuvée 1961.
Toujours cette déchirure, aussi. Berlin et la Guerre des Deux
mondes, Berlin et cette Guerre civile entre Allemands commencée il y
a longtemps et qui complexe, difficile, compliquée, voit s'affronter
les deux camps : les riches installés – commerce, banque,
entreprise et compagnie et de l'autre, les aspirants, les autres
candidats à la domination et à l'exploitation. Nous verrons plus
tard comment tout cela va évoluer... La chanson anticipe un peu en
disant : « Maintenant, le mur est tombé, mais tout va de travers.
La solidarité est morte, il nous reste la misère. ».
À
ce propos, les Grecs pourraient dire la même chose... Ils leur font
subir le même sort... et demain, ce sera pour nous ici de subir le
même régime..., dit Lucien l'âne . Je comprends mieux l'intérêt
de tes histoires d'Allemagne... Ça me rappelle cette sentence que
j'ai entendue bien des fois depuis un siècle : « Le capitalisme,
c'est l'exploitation de l'homme par l'homme. Et le communisme, c'est
l'inverse. ».
Exact,
Lucien l'âne mon ami, tu fais bien de me la rappeler. Tout à fait
exact ! D'ailleurs, si on regarde cet affrontement dans le cadre de
la Guerre de Cent Mille Ans... Tu sais, cette Guerre que les riches
et les puissants font en permanence aux pauvres pour asseoir leur
domination, accroître leur richesse, étendre leur pouvoir, assurer
leur exploitation, on voit bien que c'est une lutte entre des
puissants... Il n'a pas été question un seul instant de permettre
aux pauvres de l'un ou l'autre camp de se débarrasser des riches...
Et d'ailleurs, on le voit bien maintenant que ces riches et leurs
concurrents d'État ont trouvé un modus vivendi entre eux... Pour
combien de temps, nul ne le sait, mais il existe ce consensus.
Regarde la Russie, regarde la Chine... Les riches d'aujourd'hui sont
les apparatchiks d'hier, il n'y a pas de mystère. Et pour les
pauvres, c'est simplement pire qu'avant... La misère s'accroît
grâce à la concurrence...
Ainsi,
dit Lucien l'âne en se redressant tout tendu, il y a là plus de
raison encore que nous tissions le linceul de ce vieux monde
trompeur, rusé, mesquin, avide et cacochyme.
Heureusement !
Ainsi
Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane
Mil
neuf-cent soixante et un, une année de folie
«
Alors, Ulli... Raconte-nous comment ça s'est passé
Quand
tu es allé chercher ton Elke de l'autre côté ?... »
Comme
dit ma femme, en ce temps-là, c'était la vraie vie.
Maintenant,
le mur est tombé, mais tout va de travers
La
solidarité est morte, il nous reste la misère.
Les
temps étaient troubles, on ne voyait pas bien l'horizon
Les
Zétazuniens débarquaient dans la Baie des Cochons
Du
coup, Cuba devenait socialiste.
Eichmann
avouait tout : Wannsee, Auschwitz,
L'administration
rigoureuse de la mort : la solution finale,
Pour
conclure, on l'a pendu : point final.
Gagarine
fila le premier dans l'espace.
Chez
nous, ça ne pouvait plus durer,
Les
gens s'en allaient sans se retourner.
Notre
Miss Bade-Wurtemberg était venue d'en face,
Marlène,
Marlène, blonde, un mètre septante-trois
Jouer
à la Miss Univers et faire son cinéma.
Chez
nous, on n'arrivait pas à endiguer le flot
Un
beau jour, ou peut-être une nuit. En tout cas, très tôt
Le
peuple se levait à peine. Ils ont commencé à construire le mur
Pour
marquer la séparation, rideau de fer et mur de pierre
Nos
tunnels sous le mur fonctionnaient sans encombre
On
évacuait les amis en grand nombre.
Une
télé étazunienne, bizenesse is patafesse
Acheta
les droits sur la Bernauer Strasse
Filma
l'exode tunnelier, spectacle émouvant
Sur
leurs écrans... La fugue souterraine des Allemands
Ça
n'a pas tardé... Les autres sont arrivés.
Fini
de rire. Par sécurité, on a dû tout noyer.
L'année
suivante, Peter Fechter, une balle dans le flanc
Agonisa
dans le no man's land, en direct sur leurs écrans.
Moi
je faisais le « couvercle » du Glockengasse 4711
Maintenant
qu'on y est, on y va, on fonce !
Dans
la merde jusqu'au Kreuzberg sous le sable
Mais
des idiots ont fait un raffut du diable.
Par
le cimetière, fleurs et couronnes, des gens compassés,
Rejoignaient
les trépassés, juste le temps de passer.
Ces
défunts s'en allaient ressusciter de l'autre côté
Jusqu'à
ce qu'une mère pressée
Abandonne
son landau devant l'entrée.
Alors,
une fois encore, on a dû fermer.
Mil
neuf-cent soixante et un, une année de folie
«
Alors, Ulli... Raconte-nous comment ça s'est passé
Quand
tu es allé chercher ton Elke de l'autre côté ?... »
Comme
dit ma femme, en ce temps-là, c'était la vraie vie.
Maintenant
le mur est tombé, mais tout va de travers
La
solidarité est morte, il nous reste la misère.
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