1987
– Calcutta, ô Calcutta !
Canzone
française – Calcutta, ô Calcutta !
– Marco Valdo M.I. – 2013
Histoires
d'Allemagne 88
An
de Grass 87
Au travers du kaléidoscope de Günter Grass : « Mon Siècle » (Mein Jahrhundert, publié à Göttingen en 1999 – l'édition française au Seuil à Paris en 1999 également) et de ses traducteurs français : Claude Porcell et Bernard Lortholary.
Au travers du kaléidoscope de Günter Grass : « Mon Siècle » (Mein Jahrhundert, publié à Göttingen en 1999 – l'édition française au Seuil à Paris en 1999 également) et de ses traducteurs français : Claude Porcell et Bernard Lortholary.
Un
petit video sur Calcutta : http://www.youtube.com/watch?v=J-cTrLQB7GY
Calcutta,
ô Calcutta !... Quel cul t'as ! Ô Quel cul t'as ! Je t'en prie,
avec un titre pareil, on croirait que tu es devenu pornographe, dit
Lucien l'âne en levant un œil froid comme un vent de Sibérie. Tu
ne vas quand même pas me dire que tu te complais à de tels jeux de
mots laids ?
Je
n'ai certes rien d'un cycliste et Günter Grass encore moins... Je
sais bien qu'un tel titre renvoie d'une certaine façon à Clovis
Trouille, à son fameux tableau et à la comédie musicale
déshabillée qui s'ensuivit aux Zétazunis, puis à Paris. Et bien
évidemment, qu'il y a là une évocation dont le but est d'établir
un contraste avec la ville capitale du Bengale occidental. Mais cette
évocation n'est venue que parce que l'Histoire d'Allemagne de
l'année 1987, où le narrateur et un des protagonistes est Günter
Grass lui-même, raconte précisément le voyage qu'il y fit avec
Ute, son épouse.
Ah,
je comprends mieux maintenant, dit Lucien l'âne en souriant de son
piano à bouche. Mais parle-moi un peu de la canzone...
Et
bien, Lucien l'âne mon ami, je m'en vais satisfaire ta demande. Tout
d'abord, Calcutta en elle-même avec ses presque vingt millions
d'habitants, ces quatorze universités, son fleuve gigantesque, ses
ponts et ses gares démentiellement énormes et bondés... Calcutta
justifie à elle seule une chanson, même si elle se fait par
l'entremise d'un couple de voyageurs venus de l'autre côté du
monde. Il n'y aurait que cette seule raison que ce serait déjà
indiscutable.
À
t'entendre, il y a autre chose...
Si
fait. Il y a le grand retour de Fontane dans le monde de Grass par
l'entremise (encore une) de Ute, qui meuble les temps morts du voyage
et comble l'ennui qu'elle semble ressentir là-bas, par des lectures
systématiques du grand écrivain huguenot. Ce retour de Fontane
n'est pas innocent, car c'est de là que surgira un des grands romans
de Günter Grass qui – quelques années plus tard – mit l'accent
sur la dérive née de la chute du mur, qui dénoncera la destruction
programmée de l'Allemagne de l'Est et de sa population – roman
intitulé Toute une histoire (Ein weites Feld). Un roman dont Fontane
est un des protagonistes et qui expose dans les détails tout le
système de démolition de l'économie par le libéralisme et le
développement concomitant du fameux « rêve d'Otto » (von
Bismarck, c'est-à-dire la Grande Allemagne). On est là dans les
débuts de ce qui se passe actuellement en Europe ; on y trouve le
système, le régime ( et sa tristement célèbre et ubuesque
Treuhand) qui pour le moment, écrase les Grecs, les Espagnols, les
Portugais... En attendant les autres... Dis, Mère Grand, pourquoi tu
as de si grandes dents ?, demandait le Chaperon rouge.
C'est
pour mieux te manger... Je sais, je connais cela aussi. cependant,
il y a tellement d'autres harmoniques dans cette chanson que si j'en
distingue bien certaines, j'en pressens d'autres sans pouvoir
véritablement les nommer. Je pense que comme pour bien d'autres de
tes Histoires d'Allemagne et de tes canzones, il m'y faudra du temps,
de la méditation et peut-être même, n'y arriverais-je jamais. Quoi
qu'il en soit, Marco Valdo M.I. mon ami, reprenons notre tâche sans
discontinuer et tissons, comme tu le fais si bien ici, le linceul de
ce vieux monde phagocytaire, destructeur, parasite, vampirisé par
les riches et la richesse et cacochyme.
Heureusement
!
Marco
Valdo M.I.
Calcutta,
ô Calcutta
Kalikata,
Kolikata, Kolkata
Calcutta,
ô Calcutta
Kalikata,
Kolikata, Kolkata
Calcutta,
ô Calcutta
Mon
pauvre ami, je m' ennuie déjà
Calcutta,
ô Calcutta
Fontane
est là pour remédier à tout ça
Calcutta,
ô Calcutta
Je
n'en suis plus, mon cher, à belle ou laide
Calcutta,
ô Calcutta
J'en
suis à homard ou écrevisse
Calcutta,
ô Calcutta
Homard
ou écrevisse, tout est question de dimension.
Calcutta,
ô Calcutta
Impossible
à Calcutta de trouver le bon ton
Calcutta,
ô Calcutta
Entre
ces mendiants qui dorment dans la rue à terre
Calcutta,
ô Calcutta
J'en
suis toujours, à blonde ou brune, ma chère,
Calcutta,
ô Calcutta
C'est
délicat ce choix entre deux bières
Calcutta,
ô Calcutta
On
ne saurait iouler ici si loin des monts de Bavière
Calcutta,
ô Calcutta
Je
rêve l'après-midi entier sous la moustiquaire
Calcutta,
ô Calcutta
De
splendeurs frigides et de courants d'air
Calcutta,
ô Calcutta
Deux
Bengales séparés si longtemps déjà
Calcutta,
ô Calcutta
Kali
calcule qu'on les réunira
Calcutta,
ô Calcutta
Kalikata,
Kolikata, Kolkata
Calcutta,
ô Calcutta
Kalikata,
Kolikata, Kolkata
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