1973
– Un Beau Dimanche en Famille
Canzone
française – Un Beau Dimanche en famille –
Marco Valdo M.I. – 2012
Histoires
d'Allemagne 74
Au travers du kaléidoscope de Günter Grass. : « Mon Siècle » (Mein Jahrhundert, publié à Göttingen en 1999 – l'édition française au Seuil à Paris en 1999 également) et de ses traducteurs français : Claude Porcell et Bernard Lortholary.
Au travers du kaléidoscope de Günter Grass. : « Mon Siècle » (Mein Jahrhundert, publié à Göttingen en 1999 – l'édition française au Seuil à Paris en 1999 également) et de ses traducteurs français : Claude Porcell et Bernard Lortholary.
Alors,
de quoi pouvait-on bien parler le dimanche en famille en 1973 ?
À quoi pouvait bien ressembler un dimanche en famille cette
année-là ? En quoi pouvait-il bien se distinguer de tous les
dimanches en famille qui ont eu lieu avant lui ? s'exclame Lucien
l'âne qui vient de lire le titre de la chanson-histoire d'Allemagne.
Tu
sais, Lucien l'âne mon ami, à bien y regarder, chaque dimanche est
une journée particulière
(http://www.youtube.com/watch?v=4OnGol57daE
– http://www.youtube.com/watch?v=fTsao56WYRQ)...
Et les dimanches en famille sont redoutables pour les enfants et pas
seulement, ainsi que le chantait Trenet
(http://www.youtube.com/watch?v=okgk0P0RZB8).
Chaque journée est particulière, en somme.
Mais
foin de généralités, qu'en est-il de ton dimanche en famille
là-bas dans cette Allemagne gonflée à blocs par le boum ?
Avant
d'en venir à ce foutu dimanche en famille, laisse-moi te dire deux
mots de cette « Allemagne gonflée par le boum », car
l'expression est éclairante à plus d'un titre. En effet,
l'Allemagne – celle dont parle le narrateur, cette Allemagne de
l'Ouest est gonflée par le « boum »... Mais si au sens
premier, anglophone de « boom », elle est gonflée comme
une baudruche d'automobiles, de frigidaires, d'atomixaires, de
machines à laver, d'essoreuses, de radios et de téléviseurs...
Elle est tout autant gonflée à bloc par le « boum »
atomique potentiel qui la protège. Du moins ses autorités le
croient et dès lors, se gonflent d'importance. Tel le Phoenix,
l'Allemagne renaît sur les cendres du passé, reprend sa place dans
le concert des nations et se met à gamberger sur le rêve d'Otto. Et
c'est bien ce qui est inquiétant... Fin de la parenthèse. Revenons
au dimanche en famille... En 1973, pour des raisons liées à
l’absurde conflit du Moyen-Orient, les émirs vont réduire les
fournitures de pétrole et en Allemagne, comme ce fut le cas dans
d'autres pays, on instaura les « dimanches sans voiture ».
On
y revient d'ailleurs... dit Lucien l'âne.
Oui,
on y revient à présent, de façon épisodique et pour d’autres
raisons... C'est que sous le déluge automobile, l'asphyxie gagne nos
villes... Certains – sans doute plus inconscients encore –
prennent des mesures en sens contraire et augmentent la consommation
de pétrole en diminuant le prix du carburant... Bref, ça part dans
tous les sens. Mais, laissons ces incohérences contemporaines ;
elles sont juste le reflet d'une bêtise monumentale qui s'affole.
Saluons-la et revenons à notre dimanche en famille en 1973. Vu qu'on
ne pouvait plus utiliser la voiture, tous les jeunes étaient perdus.
Que faire le dimanche ? Que faire un dimanche de novembre quand
le ciel est gris, que les feuilles sont mortes et que la nuit tombe à
cinq heures. Une promenade en forêt... Une vraie balade comme on
n'en faisait plus depuis longtemps, de celles qui plaisent aux
enfants et qu'on finit par un goûter bien au chaud. Café, chocolat,
schnaps et gâteaux.
C'est
pas si mal, dit Lucien l'âne, de se retrouver tous ainsi :
parents, enfants, petits-enfants... Ça laisse des souvenirs. Il n'y
manque que la photo. Quant au reste de la narration : la crise,
la fin du pétrole et la guerre en Orient, les choses n'ont pas
tellement changé et je pense même qu'elles ne changeront pas de si
tôt... En fait, tant que des gens revendiqueront les mêmes lieux en
se fondant sur le droit du premier occupant, sur le droit de
propriété, ou sur des croyances infondées et hystériques, il ne
pourra y avoir que massacres et compagnie et ça dure depuis des
milliers d'années... Alors, tissons le linceul et le suaire de ce
vieux monde crédule, possessif, vindicatif, hystérique et
cacochyme.
Heureusement
!
Ainsi
Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane
Pour
nous, c'est simple...
Il
n'y avait plus de pétrole
Alors,
j'ai dit
Qu'est-ce
qu'il a dit ? Il a dit :
On
n'est pas là pour s'engueuler
On
est là pour s'amuser
Vous
êtes mes gendres, ce sont mes filles
C'est
une promenade en famille.
Moi,
dit Gerhard, dans des bidons au fond du garage
Moi,
dit Heinz-Dieter, je l'ai mis dans la baignoire
Horst
dit : on peut pas rouler comme on veut. Désespoir.
On
retourne à l'âge de la pierre, quel gaspillage...
Ils
disent, c'est la faute aux Arabes, c'est la faute aux émirs
Ou
alors, à Israël, qui leur fait la guerre
Moi,
ça m'est bien égal, ça pourrait être pire
Guerre
du ramadan, guerre du kippour, guerre...
D'un
côté, Israël
La
Syrie et l’Égypte, de l'autre,
Ça
avait mal commencé pour Israël,
Ça
a mal fini pour les autres
Pour
nous, c'est simple...
Il
n'y avait plus de pétrole
Alors,
j'ai dit
Qu'est-ce
qu'il a dit ? Il a dit :
On
n'est pas là pour s'engueuler
On
est là pour s'amuser
Vous
êtes mes gendres, ce sont mes filles
C'est
une promenade en famille.
C'est
le choc, c'est la crise et si ça dure ?
C'est
la fin du boom, faudra s'en arranger
Tous
les dimanches sans voiture
Faudra
bien les occuper
Y
a toujours les bus, les trams, les trains,
Avec
des impers, des bottes et de l'entrain
Nous
sommes allés promener dans les bois
Deux
heures, on a même vu des chevreuils
Vous
voyez bien, dis-je aux enfants, qu'il y en a
En
novembre, la forêt est en deuil
Et
on marche sur les feuilles
On
aurait mieux fait d'aller au cinéma
Pour
nous, c'est simple...
Il
n'y avait plus de pétrole
Alors,
j'ai dit
Qu'est-ce
qu'il a dit ? Il a dit :
On
n'est pas là pour s'engueuler
On
est là pour s'amuser
Vous
êtes mes gendres, ce sont mes filles
C'est
une promenade en famille.
Les
enfants, les petits, m'écoutaient encore
Je
leur montrait les faines, les glands
Qu'on
mangeait pendant la guerre quand j'étais enfant
Les
écureuils grimpaient dans les sapins morts
Les
industries et les autos les ont tués
À
ce train-là, je leur ai dit, vous y passerez aussi
C'était
un peu exagéré, juste pour les impressionner
Et
puis, il y a eu une forte pluie
On
dégoulinait de partout, trempés jusqu'aux os
Nous
nous sommes réfugiés à l'auberge pour nous sécher
J'ai
offert le café, le chocolat, le schnaps et les gâteaux
Puis,
tranquillement, par le tram, on est tous rentrés.
Pour
nous, c'est simple...
Il
n'y avait plus de pétrole
Alors,
j'ai dit
Qu'est-ce
qu'il a dit ? Il a dit :
On
n'est pas là pour s'engueuler
On
est là pour s'amuser
Vous
êtes mes gendres, ce sont mes filles
C'est
une promenade en famille.
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