1983 - L'Auberge Bavaroise
Canzone française – L'Auberge Bavaroise– Marco Valdo M.I. – 2012
Histoires d'Allemagne 84
An de Grass 83
Au travers du kaléidoscope de Günter Grass : « Mon Siècle » (Mein Jahrhundert, publié à Göttingen en 1999 – l'édition française au Seuil à Paris en 1999 également) et de ses traducteurs français : Claude Porcell et Bernard Lortholary.
Au travers du kaléidoscope de Günter Grass : « Mon Siècle » (Mein Jahrhundert, publié à Göttingen en 1999 – l'édition française au Seuil à Paris en 1999 également) et de ses traducteurs français : Claude Porcell et Bernard Lortholary.
L'Auberge Bavaroise
Ah
Lucien l'âne mon ami, comme c'est difficile à faire ces histoires
d’Allemagne. Quelle idée j'ai eue d'aller me lancer dans pareille
aventure... Mais comme tu sais, je te rassure, je n'abandonnerai pas,
même si le parcours est difficultueux.
Difficultueux ?, ne veux-tu pas dire difficile ?
Ah,
mon ami, comprends-moi. Si je dis difficultueux, c'est que c'est
difficultueux ; bien sûr que cela veut dire difficile, mais il y a
quelque chose en plus qui crée une difficulté de compréhension, un
moment d'arrêt, une complication supplémentaire et c'est l'effet
recherché. Ne me pousse pas à évoquer les précédents de Balzac, qui
disait : « Il était difficultueux... comme tous les nains » ou de
Roussel... J'ajoute que les mots que l'on n'utilise jamais finissent par
disparaître corps et biens ; raison pour laquelle sans pédanterie
aucune, je m'efforce de les sauver de l'oubli en les utilisant dans nos
conciliabules espérant ainsi leur apporter mon aide.
D'accord,
ça me paraît une bonne façon de procéder et comme toi, je pense qu'il
convient de sauver les mots et même, d'en ajouter de nouveaux...
J'ajoute que je pense que c'est à faire pour toutes les langues qui sont
de formidables moyens de connivence ... Que serait-on sans la parole ?
Mais, pourrais-tu éclairer un peu ma lanterne quant aux personnages qui
font cette histoire particulière...
Avec
plaisir... Pour une fois, Lucien l'âne mon ami, je vais décoder à ton
intention cette petite chanson. Le ferais-je ligne par ligne ou
simplement en te donnant quelques indications ?
Oh, je n'en demande pas tant... Quelques indications suffiront.
Je commence :
On est en 1983 : donc, vingt-cinq ans avant, en 1958
Allgau : une région de l'Oberbayern – Haute-Bavière
ancienne auberge... : Auberge Adler à Grossholzleute
Groupe
47 : groupe d'écrivains allemands (des deux Allemagnes) dont font
partie notamment : Günter Grass, Heinrich Böll, Paul Celan, Uwe Johnson,
Ingeborg Bachmann, Friedrich Dürrenmatt, Hans Magnus Enzensberger,
Peter Handke, Erich Kästner, Hans Werner Richter, Martin Walser, Peter
Weiss... À cette réunion, on remit le prix littéraire du groupe 47 à
Günter Grass pour la lecture du premier chapitre du Tambour ( Die
Blechtrommel).Publié l'année suivante (1959), il fit connaître son
auteur au niveau mondial.
Ministre-Président : Franz- Jozef Strauss, dit Cou de Taureau ou le Taureau de Bavière
Boucher en gros : März
Émissaire double : Schalck- responsable du commerce extérieur de la RDA. Passé en RFA plus tard.
Viande
populaire : viande provenant des élevages de la RDA, cédée à bas prix,
moyennant des arrangements qui firent la richesse des intéressés
La chute d'un seul côté du mur : voir la chanson L'Autre Côté du Mur [[7911]]
Blanche-Neige : le surnom de Schalck ; en allemand : Schneewittchen
Blanche-Neige et les sept nains
Ballet de Gustave Mähler
Tir au sanglier – coup de cœur : FJ Strauss est mort d'un arrêt cardiaque lors d'une chasse
Strauss est connu pour ses liens avec les dictatures du monde entier
Au début des années 80, il eut l'intention d'être chancelier de la RFA. L'arrivée au pouvoir de Kohl l'en empêcha.
Voici donc ces renseignements, mais il y aurait encore beaucoup de choses à raconter...
Ah,
merci beaucoup, Marco Valdo M.I. Mais avec ces renseignements et
peut-être un peu recherche personnelle, ça devrait aller très bien.
Cependant, si tu veux bien à présent , résume la canzone...
Elle
comporte trois parties : la première relate une réunion ancienne (1958)
du Groupe 47 dans une auberge Adler en Bavière ; la seconde raconte la
rencontre (1983) à 27 milliards des trois coquins dans une auberge
bavaroise également; la troisième - après 1989, à nouveau à l'auberge
Adler, où le narrateur avec un groupe de chansonniers se lamente sur la
disparition de Strauss (1988), leur formidable tête de pipe ou tête de
Turc, en une conférence-débat sur le thème : « La situation du cabaret
allemand après le décès du grand Franz Josef, en liaison avec l'Unité
retrouvée après sa mort.» Qui d'autre brocarder autant ?
En
effet, tu as raison, ou plutôt, ils avaient raison... Il y a des
personnages publics qui sont des plus utiles aux imitateurs, aux
chansonniers et aux brocardiers... Pour ce qui nous concerne, on est
assez ravis d'en rencontrer et de pouvoir faire chorus avec les
critiques... Mais ce n'est pas là notre tasse de thé. D'ailleurs, de ce
point de vue, actuellement, la situation est tristounette... On n'a plus
trop de cibles... Si ce n'est évidemment cette mystérieuse engeance qui
tente de mettre au pas de l'oie la Grèce et les autres pays et peuples
d'Europe ; bref, de réaliser le rêve d'Otto... Ce qui aurait bien plu au
grand Franz Josef... Ainsi en va-t-il de la continuité dans cette
Guerre de Cent Mille Ans que les riches font aux pauvres pour pouvoir
s'enrichir encore, accroître leur domination, renforcer leur pouvoir,
développer leur emprise, perpétuer l'exploitation... Voilà où se situe
notre tâche : tisser le linceul de ce vieux monde maniaque, magouilleur,
embrouilleur, prévaricateur et cacochyme. (Heureusement !)
Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane
Halte à Strauss, contre la réaction, le fascisme et la guerre
Il y a vingt cinq ans bientôt
Quelque part dans l'Allgau
Dans l'ancienne auberge
Que créèrent autour de l'an quinze-cents
Maria Theresia et sa fille, Marie Antoinette
S'étaient réunis, tous bien contents
Les auteurs du groupe quarante-sept
Autant dire la littérature écrite en allemand
De ce temps-là
Combien étaient là, qui était là ce jour là,
Vraiment, je ne le sais plus
On y consacra le Tambour avant même
Qu'il soit conclu, qu'il soit fini,
Avant même
Que le monde ne s'en saisît...
Cette fois, ce fut un restaurant
Dans l'Oberbayern, à Spöck
Là-bas près de Rosenheim
Non, Madame, pas le pédiatre
Ce n'était pas non plus
L'homme aux oreilles pointues
Viandes, bières, fromages au menu
Non, Madame, on n'était pas invités
Mais un fameux trio a comploté
Le ministre-Président catholique
Aux allures de taureau
Un énorme boucher en gros
Un émissaire double de la démocratique
On parlait viande populaire, on parlait milliards
En somme, on préparait l'avenir
La chute d'un seul côté du mur
Blanche-Neige raqua vingt-sept milliards
De Deutsche Marks
Et vit encore sur le tard
Tranquille tranquille au bord du lac
Nous, on est comme tantôt
Quelque part dans l'Allgau
Il y a quarante ans
Dans l'ancienne auberge
Que créèrent autour de l'an quinze-cents
Maria Theresia et sa fille, Marie Antoinette
Saltimbanques, chansonniers, artistes de cabaret
De Karl Valentin admirateurs et descendants
Tous à regretter
Cou de Taureau, solide président
Fatal tir au sanglier
Depuis son départ sur un coup de cœur
Coups tordus, chars aux œufs d'or
Copain comme cochon avec tous les dictateurs
Magouilles, embrouilles, fripouilles... Un record
Toi chancelier... Même à nous, ça faisait peur.
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