1918
- La Der des Der
Canzone
française – La Der des Der
– 1918 – Marco Valdo M.I. – 2011
Histoires
d'Allemagne 19
An
de Grass : 18
Au
travers du kaléidoscope de Günter Grass. : « Mon Siècle »
(Mein Jahrhundert, publié à Göttingen en 1999 – l'édition
française au Seuil à Paris en 1999 également) et de ses
traducteurs français : Claude Porcell et Bernard Lortholary.
J'en ai tant vu, tant entendu, ça m'a vacciné
Encore aujourd’hui, j'en suis dégoûté.
Laisse ton casque et ton fusil au vestiaire
C'est la fin de la der des der.
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Ah
!, Lucien l'âne mon ami, dit Marco Valdo M.I. , cette chanson
raconte à sa manière la fin de la der des der. La « der des
der » est, tu le sais certainement, une expression française –
littéralement : « la dernière des dernières
[Guerres] », un peu naïve, qui est apparue à la fin de la
guerre 14-18 et qui signifiait l'espoir des poilus (les soldats des
tranchées étaient ainsi nommés – sans doute ne se rasait-on pas
trop souvent dans ces endroits), que l'humanité, eux-mêmes, leurs
enfants et les enfants de leurs enfants ne connaîtraient plus jamais
ça. La réalité, tu le sais aussi, les a bien vite détrompés. Une
immense grande illusion collectivement partagée. Y avait-il les
mêmes espoirs dans l’autre camp ? La chose est sans doute
vraie pour une bonne part des gens du peuple, pour ceux qui vont
entamer ces révoltes un peu partout et dont, tu verras, au fur et à
mesure qu'on va avancer dans le siècle, qu'on va tout faire pour les
éliminer.
« La
der des der », je l'ai entendue bien des fois cette expression
et j'ai toujours pensé comme tu le dis que c'était une grande
illusion. Cette der des der-là, tu as bien raison, n'est pas la
dernière et ne pouvait pas l'être. Je vais te dire pourquoi... Ce
n'était là qu'un épisode de cette Guerre de Cent Mille Ans que les
riches font entre eux et contre les pauvres, afin de conforter leur
pouvoir, d'augmenter leurs richesses, de multiplier leurs privilèges,
tout en se servant des pauvres (civils ou militaires) comme d'un
immense troupeau de chair à canons.
Si,
ce que tu dis, Lucien l'âne mon ami, est exact et qu'en somme, ce
n'était-là qu'un épisode de la Guerre de Cent Mille Ans, ce que
l'avenir a démontré mille fois depuis... Alors, la vraie et
l'unique « der des der » possible est celle qui mettra
fin à la Guerre de Cent Mille Ans en faisant disparaître les riches
et la richesse de l'horizon humain. Et corollaire, ces révoltes qui
surgirent un peu partout étaient sans doute la réaction saine de
l'organisme humanité et si elles avaient pu aller leur chemin sans
entraves, on connaîtrait sans doute autre chose que ce monde
guerrier, corrompu, servile et suffoquant... Mais ce n'est forcément
que partie remise...
Ah
!, dit Lucien l'âne quand même assez préoccupé, je l'espère.
Mais au train où vont les choses, c'est pas demain la veille...
Cependant que tout ceci ne nous fasse pas oublier notre grand œuvre
qui est, je te le rappelle, est de tisser le linceul de ce vieux
monde décati, malade de la richesse et cacochyme.
Heureusement !
Ainsi
Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane.
J'en
ai tant vu, tant entendu, ça m'a vacciné
Encore
aujourd’hui, j'en suis dégoûté.
Laisse
ton casque et ton fusil au vestiaire
C'est
la fin de la der des der.
Sur
notre front à la fin de la guerre
Sont
arrivés en masse les chars anglais
On
s'en défendait comme on pouvait, dit Jünger
Au
lance-flammes et par des grenades en bouquet
Ces
monstres en étaient à leurs balbutiements
L'époque
des blindés - En avant
Charge
héroïque à travers les steppes et les déserts
Était
encore à venir – Blitzkrieg et guerre éclair.
J'en
ai tant vu, tant entendu, ça m'a vacciné
Encore
aujourd’hui, j'en suis dégoûté.
Laisse
ton casque et ton fusil au vestiaire
C'est
la fin de la der des der.
Pour
la guerre fraîche et joyeuse, il restait le ciel
Les
chevaliers de l'air « Implacables, mais fous »
Faisaient
des sarabandes au dessus de nous
Ils
tournaient, tournaient en un carrousel démentiel
Dans
les tranchées, on pariait
Cinq
cigarettes, une ration de pâté militaire
L'héroïsme
aérien fondait au soleil d'hiver
Dans
la boue où tous finissaient
J'en
ai tant vu, tant entendu, ça m'a vacciné
Encore
aujourd’hui, j'en suis dégoûté.
Laisse
ton casque et ton fusil au vestiaire
C'est
la fin de la der des der.
Tout
n'était que terre et cratères
Boucherie,
carnage et statues de pierre.
Pourtant,
dit Orages d’acier, ça valait la peine
Moi,
mes quatorze blessures et ma croix de guerre.
Nous
n'avons pas été vaincus dans la plaine
C'est
la révolte qui a balayé les arrières
Moi,
dit À l'Ouest, une blessure m'a collé au lit
Pour
la suite, je fus infirmier au milieu des débris
J'en
ai tant vu, tant entendu, ça m'a vacciné
Encore
aujourd’hui, j'en suis dégoûté.
Laisse
ton casque et ton fusil au vestiaire
C'est
la fin de la der des der.
C'est
la fin de cette der des der-là
Il
y en aura bien d'autres encore
Il
y aura encore bien des morts
L'avenir
le démontrera.
Laisse
ton casque et ton fusil au vestiaire
C'est
la fin de la der des der.
Laisse
ton casque et ton fusil au vestiaire
C'est
la fin de la der des der.
Laisse
ton casque et ton fusil au vestiaire
C'est
la fin de la der des der.
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