jeudi 27 février 2014

1959 – Oscar, Oscar ou La Danse du Tambour

1959 – Oscar, Oscar ou La Danse du Tambour

Canzone française – Oscar, Oscar ou La Danse du Tambour – Marco Valdo M.I. – 2012
Histoires d'Allemagne 60
An de Grass : 59
Au travers du kaléidoscope de Günter Grass. : « Mon Siècle » (Mein Jahrhundert, publié à Göttingen en 1999 –
l'édition française au Seuil à Paris en 1999 également) et de ses traducteurs français : Claude Porcell et Bernard Lortholary.







Mil neuf cent cinquante-neuf... Voici mon ami Lucien l'âne une histoire d'Allemagne un peu particulière. Car elle évoque la réalité sous des angles bien différents et joue sur le prisme dont il est question dans les quelques lignes d'introduction du cycle « Mon Siècle ». C'est une chanson sur une année historique...


Mais, Marco Valdo M.I., laisse moi te dire, mon ami, que toutes les années sont historiques...


Sans doute, sans doute me suis-je mal exprimé ; sans doute, sans doute me suis-je laissé prendre aux regrettables tics de langage qui parsèment les propos de nos contemporains. Un récit, quel qu'il soit, je te le concède volontiers, est toujours historique et a fortiori, une année... Où pourrait-elle être ailleurs que dans l'histoire ?


C'est bien ce que je voulais te faire remarquer, dit l'âne Lucien en riant.


Donc, 1959 est une année remarquable pour nos histoires d'Allemagne et elle l'est à plusieurs titres. La première raison est que le narrateur et l'auteur se confondent. Cette danse du Tambour est dansée par le narrateur et sa compagne, la danseuse Anna... Précisément, sur un air de dixieland... Musique venue des lointaines Amériques... Ce caractère autobiographique et sensuel est assez exceptionnel pour qu'on le remarque...


Je me souviens cependant, Marco Valdo M.I. mon ami, d'une autre année de tes Histoires d'Allemagne où un écrivain (lui aussi) emmenait danser une jeune personne... C'étaient Peter Panter et mademoiselle Ilse en 1921. [[http://www.antiwarsongs.org/canzone.php?id=37875&lang=it]].


D'autant plus remarquable que c'est l'année de la venue au monde du Blechtrommel (venue au monde littéraire, s'entend). Et c'est là un événement considérable... Sur le moment-même, c'est ce qui justifie et la danse et la canzone ; mais surtout, un événement considérable car ce roman est – du moins, à mes yeux – un des textes, une des histoires, une des œuvres importantes de Günter Grass et par conséquent, une œuvre importante de la littérature. Elle l'est aussi car elle est la matrice de ces Histoires d'Allemagne que je te raconte à présent. Et ainsi que tu le sais, toi qui es une histoire vivante, ce Tambour de fer blanc [[http://www.youtube.com/watch?v=PV-cRHZQo8E]], Oscar, Oscar, qui réussit à désynchroniser la splendide fanfare du Reich de Mille Ans et à faire revenir le portrait de Beethoven sur la cheminée en lieu et place du moustachu dément, est, en fait, le premier chapitre du long roman que Günter Grass a écrit pendant des dizaines d'années.... Mais il y a d'autres raisons à l'historicité de cette canzone...


Si tu voulais bien préciser, je comprendrais peut-être...


Cette année 1959 a ceci d'historique qu'elle est l'année où le socialisme allemand a définitivement capitulé face au capital... et a – lors du Congrès de Bad-Godesberg – abandonné ses principes, dont la présence dans ses statuts n'était d'ailleurs plus que très formelle – afin de pouvoir entrer dans les sphères du pouvoir. Mais enfin, elle existait encore. Ceci marque en quelque sorte la « trahison des clercs » et en même temps, l'abandon de toute volonté de mettre fin à la domination des riches sur les pauvres, de même faire allusion à la Guerre de Cent Mille Ans que les riches font aux pauvres pour maintenir leur domination, pour développer leurs pouvoirs, pour étendre l'exploitation, pour accroître leurs richesses... C'est l'illustration du grand renoncement... Et aujourd'hui, ceci s'étend à l'ensemble de la « Grosse Europe ».


Est-ce que cela a tant d'importance ?, dit Lucien l'âne avec une lueur d'ironie dans son œil lunaire...

Finalement, Lucien l'âne mon ami, je crois bien que non. Ce n'était qu'une péripétie dans cette longue guerre défensive des pauvres, ce n'était qu'une trahison, une félonie parmi tant d'autres... Mais elle éclaire le présent et d'autres félonies du genre en cours actuellement... Elle permet de mieux percevoir quel est le prix du ralliement aux institutions... On n'accède pas impunément au pouvoir... Quant à ce qu'il faut y faire pour y rester... Cela dit et pour te dérider un peu, je t'invite à voir Marguerite [[http://www.dailymotion.com/video/x1idqq_la-vache-et-le-prisonnier_shortfilms]] défiler au son de la fanfare devant une escouade de nazis au garde-à-vous... Un grand moment cinématographique... Au fait, c'est fou ce qu'il y a de fanfares dans les cérémonies officielles...



Moi, j'aime beaucoup cette Marguerite..., dit Lucien l'âne en riant. Je crois bien que je l'avais rencontrée un jour où elle était en goguette sur les bords du Danube... Cela dit, Marco Valdo M.I., toutes ces digressions ne doivent pas nous faire oublier notre tâche qui, je te le rappelle, consiste à tisser chaque jour le linceul de ce vieux monde félon, fanfaron, militaresque et cacochyme.



Heureusement !



Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien l'âne




Pour nous réchauffer, cette année-là
Dans ce Berlin glacial, on dansait avec Anna
Bien à l'écart de la Foire du Livre
Des dizaines de milliers de livres
Des milliers de visiteurs
On dansait aux frais de l'éditeur
C'était l'année du Tambour
Le fruit de nos amours


À Bad-Godesberg, cette année-là
Le socialisme allemand capitula
Une reculade digne d'Iena
Et les conséquences sont là
Côté littérature, mon premier grand pas
Sept cent et trois pages, quel cinéma !
Les tirages montaient jusqu'au Japon
Avec le dixieland, Anna perdait son jupon.


Sur l'écran, Fernandel et Marguerite
Passent en revue des troupes émérites
Je lance Anna, la danseuse de chez Nora
D'un bras ferme tout au bout de mes doigts
Je rattrape Anna, la danseuse de chez Nora
D'un bras ferme tout au bout de mes doigts
J'entends le tambour de son cœur qui bat

On crie Oscar, Oscar. Oscar, ce soir, c'est moi !

mercredi 26 février 2014

1960 – Les pieds d'Hary et ses lacets

1960 – Les pieds d'Hary et ses lacets

Canzone française – Les pieds d'Hary et ses lacets– Marco Valdo M.I. – 2012
Histoires d'Allemagne 61

An de Grass : 60

Au travers du kaléidoscope de Günter Grass. : « Mon Siècle » (Mein Jahrhundert, publié à Göttingen en 1999 –
l'édition française au Seuil à Paris en 1999 également) et de ses traducteurs français : Claude Porcell et Bernard Lortholary.




Hary avait deux pieds
Deux pieds pour gagner



Ah, dit Lucien l'âne tout souriant, je me souviens bien d'Hary, d'Armin Hary... On en a raconté des histoires à son sujet... Mais personnellement, je préfère retenir sa performance de coureur et plus tard, ses efforts pour aider de jeunes sportifs... Laissons la période entre deux dans une ombre propice...


Je crois bien comprendre que tu connais ses exploits à ce jeune homme qui abandonna ses études de mécanicien pour devenir un « dieu du stade »... et il le fut. Armin Hary quand on veut bien y réfléchir, c'est à lui seul toute une histoire d'Allemagne, une histoire exemplaire et c'est par cela qu'elle m'intéresse son histoire – sinon que veux-tu que je fasse des pieds d'Hary ou des performances sportives en général...


C'est bien ce que je me disais... Qu'est-ce qu'il peut bien trouver comme intérêt à ces histoires de pieds, de lacets, de starters, de départs au pistolet et de records ? Depuis quand s'intéresse-t-il au cent mètres plat ?


Avant d'aller plus loin et de reprendre mon raisonnement, je te rappelle tout de même, Lucien l'âne mon ami, que je t'avais déjà entretenu des exploits d'un boxeur (en 1930) et de ceux de footballistes (en 1954)... Je t'ai même fait connaître les joies du cyclisme sur piste en 1909... Pour en revenir aux pieds d'Hary, ils sont exemplaires de l'histoire d'Allemagne, disons depuis les années 1930 (plus exactement 1937, quand il est né) et jusqu'à présent. C'est ce que raconte la chanson « Les pieds d'Hary et les lacets ». Commençons par les pieds d'Hary... Ce sont des membres fabuleux qui firent de lui le premier homme à courir le cent mètres en 10 secondes (et peut-être moins encore... mais on était au temps des chronomètres mécaniques). Et ce n'est certes pas un hasard, ni une tricherie. Car déjà en 1956, il avait remporté le 100 m junior d'Allemagne en 10 secondes et quatre centièmes au moment où à Melbourne le champion olympique de l'époque l'emportait en 10 secondes et cinq centièmes. Ça n'a l'air de rien comme ça, ce dixième de seconde, mais c'est tout un monde qui s'ouvrait pour Hary. Il était déjà à ce moment, le champion olympique virtuel...


J'ai compris, Hary avait des pieds en or... Une sorte d'Atalante masculine... Mais qu'as-tu à me dire de ses lacets ?


Pour les lacets d'Hary, vois-tu Lucien mon ami l'âne, l'affaire se complique un peu. Tu as évidemment bien compris qu'il s'agit des lacets de ses chaussures de sport et qu'il y a forcément des nœuds. Et ta comparaison avec la princesse Atalante est tout-à-fait pertinente. Souviens-toi... Atalante était imbattable à la course et aussi, très belle. Elle avait beaucoup de prétendants et elle avait annoncé qu'elle ne se rendrait qu'à celui qui la battrait à la course... Or, celui qui l'emporta ne le dut pas à sa pointe de vitesse, mais bien aux pommes d'or qu'il sema sur le chemin. C'est sa vénalité qui vainquit Atalante. C'est la vénalité qui eut raison d'Hary. Mais Hary avait pourtant su tirer un maximum de ses prétendants, de ses sponsors, comme on dit maintenant. Ces deux frères ennemis, installés en Bavière, étaient fabricants de chaussures de sport et puis de godasses de guerre du temps où ils étaient nazis comme presque (j'insiste sur le presque, car il y eut heureusement des exceptions) toute l'Allemagne et les environs; ils s'appelaient Dassler – Adolf et Rudolf. Et quelle histoire celle-là, celle des frères Dassler qui après la guerre se séparèrent et firent chacun leur entreprise de chaussures de sport : l'un Adidas, l'autre Puma. Hary lui faisait joyeusement des nœuds dans toutes ses chaussures ; en 1960, à Rome, finale olympique, il courut avec les chaussures de l'un – des Puma et monta sur le podium avec celles de l'autre – des Adidas. L'important, à ses yeux, c'est qu'il touchait deux fois. Et même pour la Fédération allemande, pourtant très fière de son champion, deux fois, c'était trop. On l'a exclu. Mais remarque bien qu'ils l'ont exclu seulement après qu'il ait porté haut les couleurs de la R.F.A. En somme, Hary, c'était comme un mouchoir en papier, une fois qu'il a eu servi... On l'a jeté. Pas avant...


Oui, je comprends, dit Lucien l'âne en secouant sa grosse tête. Les grands sportifs, c'est comme les gladiateurs au temps de Néron. Ils amusent le public – Panem et circenses et puis, hop, au trou. C'est comme pour tous les hommes de spectacle, comme pour les artistes... Jeux d'ombres sur le mur de la caverne.


Exactement... Et dans le cas d'Hary, comme pour bien d'autres, la chute fut brutale et il dérapa un peu... Il fit un séjour en prison et puis, il se reprit et se mit à s'occuper d'aider de jeunes sportifs...


En somme, dit Lucien l'âne en ricanant, ta chanson à deux pieds en dit plus qu'elle n'en a l'air, à première vue. Et ce qu'elle me laisse entrevoir m'encourage encore à tisser le linceul de ce vieux monde avide, arriviste, absurde, ambitieux et cacochyme.



Heureusement !



Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane.



Les frères Dassler étaient du parti nazi
L'usine à Adolf, la SS pour Rudolf
Pour équiper les soldats d'Adolf
Pour combattre jusqu'en Russie

Hary avait deux pieds
Un pied pour Adolf
Un pied pour Rudolf
Mais deux pieds pour gagner.

L'Allemagne coupée en deux
Chez Adidas, un pied pour Adolf
Chez Puma, un pied pour Rudolf
Hary courait pour les deux

Hary avait deux pieds
Deux mètres vingt-neuf d'enjambée.
Sur la piste magique, par deux fois
Le même jour, son foutu record par deux fois

Cent mètres en dix secondes
Un pied pour Adolf
Un pied pour Rudolf
L'homme le plus rapide du monde

À Rome, en 1960, il gagnait encore
Un pied pour Adolf
Un pied pour Rudolf
Il enlevait la timbale en or.

Et bien des années plus tard,
À Quierschied en Sarre
La rue des Roses où il grandit
Est devenue la rue Armin Hary

Cent mètres en dix secondes
L'homme le plus rapide du monde
Hary avait deux pieds

Deux pieds pour gagner

1961 – Le Jeu du Pendu

1961 – Le Jeu du Pendu


Canzone française – Le Jeu du Pendu – Marco Valdo M.I. – 2012
Histoires d'Allemagne 62

An de Grass : 61

Au travers du kaléidoscope de Günter Grass. : « Mon Siècle » (Mein Jahrhundert, publié à Göttingen en 1999 –
l'édition française au Seuil à Paris en 1999 également) et de ses traducteurs français : Claude Porcell et Bernard Lortholary.




Mil neuf-cent soixante et un... Quelle année pour une histoire d'Allemagne... Figure-toi, Lucien l'âne mon ami, que cette année-là, une jeune femme allemande, grande, blonde, bref, conforme à l'image de l'Allemande, originaire de Breslau en République Démocratique Allemande, après de solides études d'ingénieur, s'en vint avec papa, maman et toute la famille, vivre à Stuttgart en Western Germanie. Elle se prénommait Marlène... Je te jure que je n'invente pas. Un prénom qui remuait les foules et spécialement, les militaires. Mais passons. Marlène Schmidt avait un physique d'enfer... Elle devint Miss Bade-Wurtemberg... Un peu plus tard, Miss Allemagne et pour finir, Miss Univers. Après les footballistes champions du monde aux amphétamines, après Hary et ses lacets, voici donc encore une fois l'Allemagne au sommet. Grâce à Marlène et ses... et son physique d'enfer.





Marlène Schmidt



C'est passionnant, en effet, dit Lucien l'âne. Mais encore...


Mil neuf-cent soixante et un... Ce fut une année terrible. C'est l'année où le divorce allemand fut consommé ; on partagea la chambre en deux à l'aide d'une belle cloison toute neuve. De hardis maçons militaires en quelques heures édifièrent un mur que par la suite, on consolida. Ce fut un grand spectacle, tout le monde y mit le paquet. Une surperproduction mondiale. Pour les télés, pour les journaux, il fallait de la sensation. Des morts à chaque étage pour meubler les émissions... Et, dès lors, on en trouva. Mais notre narrateur, quelqu'un qui a vécu l'affaire sur le terrain et même plutôt, en dessous, rapport aux tunnels et aux souterrains qu'il creusait avec les copains... Pour aller voir sa fiancée, pour aller et venir tranquillement... Au départ, leur truc, à ces jeunes Allemands des deux côtés, c'était faux papiers et compagnie, mais un jour, ça n'a plus marché... À cause du mur et du ramdam qu'il a déclenché. Des avions partout, tout le temps, pendant des mois... C'est ça qu'elle raconte notre histoire d'Allemagne, cuvée 1961. Toujours cette déchirure, aussi. Berlin et la Guerre des Deux mondes, Berlin et cette Guerre civile entre Allemands commencée il y a longtemps et qui complexe, difficile, compliquée, voit s'affronter les deux camps : les riches installés – commerce, banque, entreprise et compagnie et de l'autre, les aspirants, les autres candidats à la domination et à l'exploitation. Nous verrons plus tard comment tout cela va évoluer... La chanson anticipe un peu en disant : « Maintenant, le mur est tombé, mais tout va de travers. La solidarité est morte, il nous reste la misère. ».


À ce propos, les Grecs pourraient dire la même chose... Ils leur font subir le même sort... et demain, ce sera pour nous ici de subir le même régime..., dit Lucien l'âne . Je comprends mieux l'intérêt de tes histoires d'Allemagne... Ça me rappelle cette sentence que j'ai entendue bien des fois depuis un siècle : « Le capitalisme, c'est l'exploitation de l'homme par l'homme. Et le communisme, c'est l'inverse. ».


Exact, Lucien l'âne mon ami, tu fais bien de me la rappeler. Tout à fait exact ! D'ailleurs, si on regarde cet affrontement dans le cadre de la Guerre de Cent Mille Ans... Tu sais, cette Guerre que les riches et les puissants font en permanence aux pauvres pour asseoir leur domination, accroître leur richesse, étendre leur pouvoir, assurer leur exploitation, on voit bien que c'est une lutte entre des puissants... Il n'a pas été question un seul instant de permettre aux pauvres de l'un ou l'autre camp de se débarrasser des riches... Et d'ailleurs, on le voit bien maintenant que ces riches et leurs concurrents d'État ont trouvé un modus vivendi entre eux... Pour combien de temps, nul ne le sait, mais il existe ce consensus. Regarde la Russie, regarde la Chine... Les riches d'aujourd'hui sont les apparatchiks d'hier, il n'y a pas de mystère. Et pour les pauvres, c'est simplement pire qu'avant... La misère s'accroît grâce à la concurrence...


Ainsi, dit Lucien l'âne en se redressant tout tendu, il y a là plus de raison encore que nous tissions le linceul de ce vieux monde trompeur, rusé, mesquin, avide et cacochyme.



Heureusement !



Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane




Mil neuf-cent soixante et un, une année de folie
« Alors, Ulli... Raconte-nous comment ça s'est passé
Quand tu es allé chercher ton Elke de l'autre côté ?... »
Comme dit ma femme, en ce temps-là, c'était la vraie vie.
Maintenant, le mur est tombé, mais tout va de travers
La solidarité est morte, il nous reste la misère.

Les temps étaient troubles, on ne voyait pas bien l'horizon
Les Zétazuniens débarquaient dans la Baie des Cochons
Du coup, Cuba devenait socialiste.
Eichmann avouait tout : Wannsee, Auschwitz,
L'administration rigoureuse de la mort : la solution finale,
Pour conclure, on l'a pendu : point final.

Gagarine fila le premier dans l'espace.
Chez nous, ça ne pouvait plus durer,
Les gens s'en allaient sans se retourner.
Notre Miss Bade-Wurtemberg était venue d'en face,
Marlène, Marlène, blonde, un mètre septante-trois
Jouer à la Miss Univers et faire son cinéma.

Chez nous, on n'arrivait pas à endiguer le flot
Un beau jour, ou peut-être une nuit. En tout cas, très tôt
Le peuple se levait à peine. Ils ont commencé à construire le mur
Pour marquer la séparation, rideau de fer et mur de pierre
Nos tunnels sous le mur fonctionnaient sans encombre
On évacuait les amis en grand nombre.

Une télé étazunienne, bizenesse is patafesse
Acheta les droits sur la Bernauer Strasse
Filma l'exode tunnelier, spectacle émouvant
Sur leurs écrans... La fugue souterraine des Allemands
Ça n'a pas tardé... Les autres sont arrivés.
Fini de rire. Par sécurité, on a dû tout noyer.

L'année suivante, Peter Fechter, une balle dans le flanc
Agonisa dans le no man's land, en direct sur leurs écrans.
Moi je faisais le « couvercle » du Glockengasse 4711
Maintenant qu'on y est, on y va, on fonce !
Dans la merde jusqu'au Kreuzberg sous le sable
Mais des idiots ont fait un raffut du diable.

Par le cimetière, fleurs et couronnes, des gens compassés,
Rejoignaient les trépassés, juste le temps de passer.
Ces défunts s'en allaient ressusciter de l'autre côté
Jusqu'à ce qu'une mère pressée
Abandonne son landau devant l'entrée.
Alors, une fois encore, on a dû fermer.

Mil neuf-cent soixante et un, une année de folie
« Alors, Ulli... Raconte-nous comment ça s'est passé
Quand tu es allé chercher ton Elke de l'autre côté ?... »
Comme dit ma femme, en ce temps-là, c'était la vraie vie.
Maintenant le mur est tombé, mais tout va de travers

La solidarité est morte, il nous reste la misère.

1962 – La Cage de Verre

1962 – La Cage de Verre


Canzone française – La Cage de Verre – Marco Valdo M.I. – 2012
Histoires d'Allemagne 63

An de Grass : 62

Au travers du kaléidoscope de Günter Grass. : « Mon Siècle » (Mein Jahrhundert, publié à Göttingen en 1999 –
l'édition française au Seuil à Paris en 1999 également) et de ses traducteurs français : Claude Porcell et Bernard Lortholary.



Eichmann, le grand transporteur

Interprétation de la peinture originale
d'Adolf Frankl
(http://poet-in-residence.blogspot.be/2012/09/the-man-with-green-hat.html)




Revoici le pendu à la pendaison annoncée... Faut dire qu'il ne l'avait pas volée, sa pendaison... et cette fois, hop, exécution. Souviens-toi, Lucien l'âne mon ami, de ce qu'on en disait l'autre fois :

« Eichmann avouait tout : Wannsee, Auschwitz,
L'administration rigoureuse de la mort : la solution finale,
Pour conclure, on l'a pendu : point final. ».

C'était exact, mais un peu prématuré. Il avait bien été condamné à mort, mais il lui restait des recours... Pas comme pour ceux qu'il avait rêvé d'exterminer « sur ordre ».


Bon, le dénommé Eichmann méritait ça... Bien sûr, certains disent – lui en premier – qu'il était seulement un fonctionnaire, un petit agent d'exécution, qu'il n'avait fait que son métier, en toute conscience... Qu'il ne comprenait pas pourquoi, on voulait lui faire ce sort-là... Qu'en penses-tu toi, l'humain ?


Je pense tout simplement, dit Marco Valdo M.I., que la conscience du fonctionnaire, celle de l'agent d'exécution et la conscience humaine et je dirais même animale, résumons, la conscience d'être vivant, la conscience universelle, en quelque sorte, ne sont pas des consciences de même espèce. L'une – celle du fonctionnaire, de l'agent, de l'employé consciencieux... est glacée, entièrement soumise à sa fonction, empesée dans les lois, engluée dans les règlements et congelée dans le contrat, elle est serve et soumise et elle permet aux États et aux entreprises d'accomplir et de faire accomplir les actes les plus immoraux sans sourciller... sous l'inepte prétexte de l'obéissance ; cette conscience professionnelle se justifie tout entière par des « je suis en service », « c'est mon devoir » et autres fariboles. Ainsi en va-t-il de tout qui applique des lois, des règles, des clauses... tout ce qu'on voudra, sans même vouloir en voir les conséquences brutales et désastreuses : le flic qui matraque, le huissier qui expulse, le fonctionnaire qui sanctionne le chômeur, le tueur qui abat sa victime, le militaire qui assassine, le gardien du camp d'Auschwitz ou de Dachau... Tous ceux-là relèvent de la même logique de soumission. Ce sont les mercenaires de la Guerre de Cent Mille Ans.


Et l'autre conscience, car tu ne m'as parlé que de la première... la conscience professionnelle. Parle-moi donc de la conscience universelle... Elle me paraît plus acceptable.


Et elle l'est. C'est une conscience en paix avec elle-même, c'est une conscience rebelle. Une telle conscience, qui – par exemple, ne peut accepter la célébrissime « raison d'État », qui n'est jamais que la raison du plus fort. Et si elle avait inspiré « le grand transporteur » comme le nomme la chanson, le grand « incinérateur » comme l'a démontré son procès, bref, si Eichmann avait eu une telle conscience, il n'aurait jamais fait ce qu'il a fait. Tout comme une telle conscience appliquée s'interdirait de participer jusqu'à l'existence-même de tout régime ou de tout système, de toute organisation qui irait à l'encontre de ce qu'elle peut accepter – par exemple, l'exploitation d'êtres humains par d'autres être humains. Car elle a ceci de commun avec la pensée, que pour elle, se soumettre ce serait cesser d'exister. La conscience libre exerce son libre examen sur toute chose et toute action et agit en conséquence. Dès lors, elle se refuse à collaborer, elle se refuse à exécuter. Elle fait de la résistance le ressort fondamental de son existence. Elle applique simplement la devise : « Ora e sempre : Resistenza ! ». Ce qui explique la méfiance et l'hostilité qu'elle suscite de la part des pouvoirs de toutes sortes, de la part des gens que gangrènent le pouvoir ou la richesse.






Pour en revenir à la canzone, cette fois-ci, le narrateur – car il y a toujours un narrateur à ces Histoires d'Allemagne – se prénomme Jankele, habite Jérusalem et fabrique des vitrages blindés qui servent à la protection et la sécurité. Il est à Jérusalem, car fils d'un vitrier de Nuremberg, il avait émigré avec son frère cadet en Palestine en 1938 et comble d'ironie, grâce à la politique du « grand transporteur », qui consistait alors à débarrasser l'Allemagne de sa population juive. Le reste de sa famille fit par les soins du même transporteur le voyage vers l'enfer, « Via Theresienstadt, Sobibor, Auschwitz ». Des années plus tard, l'entreprise de notre narrateur est prospère ; ses vitrages de sécurité sont fournis à plein de clients... Mais la chanson élargit son propos, elle rapporte quelques faits de l'année 1962 et les met en exergue, comme il se doit. On y voit notamment De Gaulle tenter – au nom de la future Europe – d'exorciser certain danger, certaine dérive en saluant « das große deutsche Volk ». Il ne nous reste plus qu'à espérer que ce thaumaturge ait réussi son coup. Lui-même n'en était pas trop certain. Du moins l'a-t-il affirmé... le lendemain-même de ce discours à la jeunesse allemande.


Quoiqu'il en soit de demain, de cette dérive en cours et de l'affrontement qui se déroule ici tous les jours en Europe (comme ailleurs dans le monde) – regarde ce qu'ils font aux Grecs... – tel un épisode de la Guerre de Cent Mille Ans que les riches font aux pauvres pour étendre leur domination, accroître leur pouvoir, pour tirer de plus magnifiques profits, pour asseoir leurs privilèges, multiplier leurs richesses (on en est aux milliers de milliards d'Euros...)... il nous revient de poursuivre sans relâche notre grand œuvre et de tisser le linceul de ce vieux monde avide, arrogant, ambitieux, absolutiste et cacochyme.


Heureusement !



Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane.



Votre protection et votre sécurité
C'est ma devise et ma fierté
À Jérusalem depuis vingt ans
Je conçois et je vends
Le verre blindé pour protéger les gens
De la sécurité et pas du vent
La cage de verre au bijoutier
La cage de verre au banquier
La cage de verre au changeur
La cage de verre au grand berger blanc
La cage de verre du grand transporteur
Pour qu'on le juge. Sereinement.


Mil neuf cent soixante-deux, une année
Pleine d'événements et de fusées,
Objectif Lune ! Un ange passe
Le premier Étazunien dans l'espace
Le premier concert des Rolling Stones
Le premier disque des Beattles
La mort subite de Marilyn la blonde
Seule, à l'autre bout du monde.
Dans sa baignoire sans cage de verre.
Happy birthday et bon anniversaire
Mr Président... Blocus de Cuba, holà
Le Petit Poucet ne se rend pas.


Mil neuf cent trente avec mon père
On posait des vitres à Nuremberg
Ces années-là étaient prospères
Depuis la nuit où ils commencèrent
Heil Hitler ! à casser du verre.
Jusqu'en trente-huit, on fit des affaires
On est parti moi Jankele et Gerson, mon frère
Juste à temps, avant la guerre
Et les grands convois pour les fours.
La famille, mes sœurs, mon père
Ont pris le train à leur tour
Via Theresienstadt, Sobibor, Auschwitz pour l'enfer.


Mil neuf cent soixante-deux
Algérie, bon voyage et meilleurs vœux
L'Europe est à construire
De Gaulle en président
L'œil braqué sur l'avenir
Flatte le grand peuple allemand.
"Für Ihr großes Volk
Jawohl für das große deutsche Volk »
Dans sa cage à Jérusalem, au printemps
Le banal organisateur de la solution finale
Entend en bon allemand
La sentence fatale.


Votre protection et votre sécurité
C'est ma devise et ma fierté
À Jérusalem depuis vingt ans
Je conçois et je vends
Le verre blindé pour protéger les gens
De la sécurité et pas du vent
La cage de verre au bijoutier
La cage de verre au banquier
La cage de verre au changeur
La cage de verre au grand berger blanc
La cage de verre du grand transporteur

Pour qu'on le juge. Sereinement.

1963 – La Mousse du Vestiaire

1963 – La Mousse du Vestiaire


Canzone française – La Mousse du Vestiaire – Marco Valdo M.I. – 2012
Histoires d'Allemagne 64

An de Grass : 63

Au travers du kaléidoscope de Günter Grass. : « Mon Siècle » (Mein Jahrhundert, publié à Göttingen en 1999 –
l'édition française au Seuil à Paris en 1999 également) et de ses traducteurs français : Claude Porcell et Bernard Lortholary.




Nous voici en 1963, quelque part en Allemagne... C'est du moins ce qui ressort du propos de la narratrice. Car cette fois, Lucien l'âne mon ami, c'est une narratrice qui nous conte cette histoire d'Allemagne. J'insiste un peu car sa présentation par elle-même au début de la canzone pourrait laisser croire qu'il s'agit d'un narrateur. Écoute :

« En ce temps-là, moi j'étais matelot,
Petit marin d'un grand paquebot... »,
ce qui semble contredire le titre : « La Mousse du Vestiaire ».


Au fait, Marco Valdo M.I., mon ami, voilà un bien étrange titre... Car, si j'ai bien entendu, il s'agit d'une narratrice... Ce qui expliquerait le « la »... Mais enfin, le ou la mousse, ce n'est pas la même chose. En italien par exemple, cela donnerait la schiuma, ce qui ne pourrait être une personne. Ou il mozzo et là, on trouve en effet un métier, une fonction généralement occupée par les garçons. Le mozzo est un jeune marin... Mais que vient-il faire dans un vestiaire ?


Oh, Lucien l'âne mon ami, ne t'emballe pas comme ça, tout va s'éclaircir bientôt, même dans la canzone. Bien que l'égalité entre les sexes, y compris dans le langage, soit une revendication des plus honorables, il y a cet inconvénient, en effet, que lorsqu'on féminise certains noms, cela crée de regrettables confusions. Je ne pourrais même pas tenter de féminiser le mozzo en lui collant la terminaison « a », signe de féminité. Car, vois-tu, Lucien l'âne mon ami, la mozza, c'est un fromage. Mais néanmoins, le poète a féminisé pour s'adapter aux nouvelles mœurs de son époque. Donc, la mousse, sans barguigner.


Oui, mais le vestiaire alors ? Ce n'est un navire, ça... Explique-moi cette mousse de vestiaire ?


C'est assez simple. Admettons que la mousse soit une vraie mousse, il faut en effet que ce vestiaire soit non pas un bateau, ce n'est pas nécessaire. Mais à tout le moins sur un bateau et c'est le cas ainsi qu'il apparaît immédiatement dans la chanson : par son refrain d'abord... Il était un petit navire... et par le premier couplet : « En ce temps, j'étais matelot... ». Je sais, je sais à tes yeux pleins de malice que tu aurais voulu que je mette un féminin à « matelot »... Mais, ce n'est pas plus possible que pour la « mozza »...


Pourquoi ?, mon ami Marco Valdo M.I., ne pourrait-on pas mettre un féminin à matelot ?


Pourquoi ? Mais enfin, Lucien, souviens-toi, il faudrait dire comme féminin de matelot, une matelote... Cela ne se peut, sous peine de devoir la faire bouillir au vin rouge et aux oignons... ou alors, de devoir la danser... Tu auras compris que la matelote est soit une préparation culinaire, soit une danse. Que faire ? Remarque que la canzone prend bien soin de ne pas mettre d'article révélateur... Et ainsi de suite avec marin... flûtiste... Il y a un vrai problème avec les noms de métier.


Et finalement, dit Lucien l'âne se dressant les oreilles à la verticale tant il est éberlué, il n'y a que le « la » de la mousse qui nous renseigne sur le genre de la personne... Et encore... Cela dit, que narre la canzone de cette mousse-flûtiste...




En fait, la narratrice raconte l'histoire de la fin de la construction de la Philharmonie de Berlin. Une sorte de grand bateau architectural... l'architecte était originaire de Brême, grand port allemand, comme tu le sais. Un architecte naval en quelque sorte. Et notre narratrice est en effet une jeune flûtiste... mais la musique à ce stade ne rapporte pas de quoi vivre ; alors, elle tient le vestiaire et tire des coups de revolver, semblant ainsi annoncer des faits ultérieurs. Quant aux événements qu'elle rapporte – outre ce qui concerne la Philharmonie et le Zirkus Karajani (le cirque de Karajan, lui-même chef de l'orchestre, fort autoritaire et un tantinet mégalomane, dit-on. Il n'a voulu rien de moins que la Neuvième de Beethoven pour l'inauguration de son bateau), on parle de ce qui se passe autour et alentour du fameux navire : il y a un gars, venu d'Amérique, et qui se met à crier comme dans une transe (la célèbre transe atlantique...) : Ich bin ein Berliner ! Je ne te traduirai pas... sous peine de devoir te parler de « boule de Berlin » et autres pâtisseries.





Je vois, je vois. Il faut s'y retrouver dans ta canzone. Par exemple, dis-moi, qu'a-t-il fait à Cuba, le gars venu d'Amérique.


C'est toujours ainsi avec les poètes, ils préfèrent l'allusion au discours direct... Faut-dire que ça permet de tout dire en peu de mots. Donc, le gars qui crie... Tu as sans doute reconnu John Fitzgerald Kennedy, membre d'une lignée dynastique de riches irlandais émigrés à Boston aux Zétazunis. Quand il crie, il est président des Zétazunis en titre. C'est lui qui a décrété le blocus de Cuba... Le noir qui rêve est un pasteur nommé Martin Luther King... Avec un nom pareil rien d'étonnant, foi de Valdo. « L'autre Alabama » est dans son discours de rêveur, il dit à peu près ceci : « J'ai rêvé qu'un jour en Alabama... les petits garçons noirs et les petites filles noires pourront donner la main aux petits garçons blancs et aux petites filles blanches, comme des frères et des sœurs. » Comme dit la canzone :

« Ah, les discours, c'est jamais gagné
Cause toujours. Tous deux périrent assassinés. »

En ce qui concerne le pasteur-rêveur, il commençait à passer les bornes en lançant le grand combat des pauvres – de toutes les couleurs contre la domination des riches – de toutes les couleurs. Et ça, c'était vraiment dangereux.... On ne lui a pas pardonné. D'ailleurs, encore aujourd'hui, on oublie, on cache soigneusement cet aspect de son combat.


Et pour finir tes explications, qu'est-ce que c'est que ce miracle ? Encore le pasteur ?, dit Lucien l'âne en souriant de son étrange bouche.


Comme tu le vois dans la canzone, ce soi-disant miracle n'en est pas un. La mine a tué vingt-neuf personnes, vingt-neuf ouvriers, vingt-neuf mineurs... Mais la presse sans doute gênée aux entournures face à ce crime patronal, les a tout simplement oubliés, elle les a étouffés une seconde fois, ces vingt-neuf-là. Ils étaient 129 au fond, il n'en est remonté que 100. Moi, je compte les 29 qui sont restés sous le carreau.


Oui, dit Lucien l'âne, oui, c'est souvent comme ça dans ce monde où, en définitive, seule compte la richesse et la puissance ; dans ce monde ravagé par la Guerre de Cent Mille Ans que les riches font aux pauvres pour accroître encore et toujours leurs richesses, étendre leur domination, renforcer leurs privilèges, et tirer du pauvre – mort ou vif – toujours plus de profit. Il nous faut faire ce que nous pouvons faire pour mettre un terme à cette guerre injuste et folle et tisser sans relâche le linceul de ce vieux monde menteur, dissimulateur, tricheur, sans scrupules, assassin et cacochyme.


Heureusement !



Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane




Il était un petit navire,
Il était petit navire
Qui n'avait ja, ja, jamais navigué
Qui n'avait ja, ja, jamais navigué

En ce temps-là, moi j'étais matelot,
Petit marin d'un grand paquebot
Vaisseau, voilier, vapeur à musique
Le grand croiseur de la Philharmonie

Il était un petit navire,
Il était petit navire
Qui n'avait ja, ja, jamais navigué
Qui n'avait ja, ja, jamais navigué

À la place de l'ancienne patinoire
Et du Circus Sarasani
On mit le « Zirkus Karajani »,
Un gigantesque navire de terre

Il était un petit navire,
Il était petit navire
Qui n'avait ja, ja, jamais navigué
Qui n'avait ja, ja, jamais navigué

Flûtiste intérimaire
J'étais la mousse du vestiaire
Du vaisseau, du voilier, du vapeur à musique
Du grand croiseur de la Philharmonie

Il était un petit navire,
Il était petit navire
Qui n'avait ja, ja, jamais navigué
Qui n'avait ja, ja, jamais navigué
 
Dans la grande salle du Berliner
J'ai tiré cinq coups de revolver
Un gars criait en plein air
Ich bin ein Berliner

Il était un petit navire,
Il était petit navire
Qui n'avait ja, ja, jamais navigué
Qui n'avait ja, ja, jamais navigué

Le gars était venu d'Amérique en étouffant Cuba
Au loin là-bas, un noir faisait le rêve d'un autre Alabama
Ah, les discours, c'est jamais gagné
Cause toujours. Tous deux périrent assassinés.

Il était un petit navire,
Il était petit navire
Qui n'avait ja, ja, jamais navigué
Qui n'avait ja, ja, jamais navigué

Ce fut une année de légende,
Wunder von Lengede, miracle à Lengede.
Au milieu de novembre
Au fond de la mine, il restait 29 cadavres

http://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/6/66/Lengede_Seilbahnpark_Bergmann.jpg