1929
– Le Vieil Adam et la Grenouille verte
Canzone
française – Le Vieil Adam et la Grenouille verte – 1929 –
Marco Valdo M.I. – 2011
Histoires
d'Allemagne 30
An
de Grass : 29
Au
travers du kaléidoscope de Günter Grass. : « Mon Siècle »
(Mein Jahrhundert, publié à Göttingen en 1999 – l'édition
française au Seuil à Paris en 1999 également) et de ses
traducteurs français : Claude Porcell et Bernard Lortholary.
Et advînt le temps de la grenouille, verte, verte
Elle se vendait mieux que les petits pains
Copie du Trèfle jaune, mais verte, verte
|
Voici,
Lucien l'âne mon ami, une canzone nantie d'un titre digne du bon la
Fontaine ou d'Ésope ou carrément, tu sais que ce n'est pas dans mes
habitudes, mais quand même, carrément biblique. Comme tiré de
l'Ancien Testament. Elle s'intitule : Le Vieil Adam et la Grenouille
verte.
Oui,
c'est assez amusant comme titre..., dit Lucien l'âne en brayant.
Mais comme disait le rédac'chef, de quoi s'agit-il ? Quoique la
couleur verte de ta grenouille, pour si naturelle qu'elle soit chez
la rainette, me fasse penser à la chandelle du Père Ubu... En tous
cas, cela me semble, une histoire extraordinaire. Es-tu bien sûr
qu'elle ait sa place ici, dans les Histoires d'Allemagne et dans les
C.C.G. ?
De
cela, je suis absolument certain. C'est une saga extraordinaire dont
tu verras que si, en effet, elle raconte l'histoire du vieil Adam, il
ne s'agit pas de celui qu'on croit et d'une grenouille verte, qui
n'est pas plus celle qu'on imagine. Le vieil Adam était un
industriel qui fabriquait des machines à coudre et la Grenouille
verte était une automobile. Le lien entre les deux tient de la
descendance... En quelque sorte, le vieil Adam serait l'ancêtre
direct de la grenouille... Pour éclairer ta lanterne et celle
d'autres personnes, je te dirai que le vieil Adam s'appelait Monsieur
Opel et que la grenouille fut une voiture de marque Opel, que les
enfants, eu égard à sa couleur verte, l'avaient affublée de ce
surnom de grenouille. Le reste est dit dans la chanson... par un
narrateur qui fut ouvrier dans les usines Opel du temps de la
grenouille et au-delà. Il y a beaucoup à dire et beaucoup à
réfléchir dans cette chanson qui est traversée par deux guerres
mondiales et mille autres détails et mille perspectives
inhabituelles. Comme celle de cette usine de fabrication
d'automobiles qui à chaque guerre se transforme en fabrique de
matériel de guerre... Comme celle de cette Grenouille qui a survécu
aux événements et à son propriétaire d'origine, lequel dort sous
la terre d'Ukraine...
Si
je comprends bien ce que tu me dis, Marco Valdo M.I. mon ami, ce
serait à nouveau et vu sous un autre angle, un épisode de la Guerre
de Cent Mille Ans que les riches – ici, les descendants von Opel,
la Général Motors... - mènent contre les pauvres afin d'en tirer
le profit maximum et plus encore, de les écraser sous leur
domination, de les obliger à aller assassiner d'autres pauvres,
d'étendre leurs pouvoirs... Et dès lors, Ora e sempre : Resistenza
!, tissons le linceul de ce vieux monde avide, productif et
cacochyme.
Heureusement !
Ainsi
Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane.
Au
commencement était le vieil Adam
Et
sa machine à coudre
Faite
de ses propres mains
Dans
la grange de son oncle
Ici,
à Russelheim.
Tant
qu'il était encore en vie,
On
s'est étendu, de fil en aiguille,
Du
hangar à l'atelier, d'atelier en atelier
Et
quand en onze, l'ancien bâtiment a brûlé
On
a construit une grande usine.
Il
était déjà mort le vieil Adam.
Comme
d'épuisement.
Du
temps du vieil Adam, nous les ouvriers
On
a tout fabriqué
De
la machine à coudre à la bicyclette
De
la chaîne de vélo à la carrosserie et au moteur d'autos
Ici,
à Russelheim
On
a grandi en nombre par paliers
Comme
grandissaient les ateliers
On
est passé de l'unité aux milliers.
Au
moment de la guerre et des canons
On
a délaissé les autos pour les camions
Puis,
vînt la paix et le printemps
Et
advînt le temps de la grenouille, verte, verte
Elle
se vendait mieux que les petits pains
Copie
du Trèfle jaune, mais verte, verte
Presses
hydrauliques et soudure par points
Avec
elle, finies les pertes, pertes, pertes
Ici,
à Russelheim
En
vingt-neuf, les jeunes messieurs von Opel
Nous
ont vendus, nous leurs ouvriers
Comme
des esclaves sur un marché.
Aux
Américains de G.M. et sans appel
À
peine américanisés,
Hop-là,
dehors sur l'heure
Nous
voilà, presque tous chômeurs
Douze
chevaux, cinq litres au cent, soixante à l'heure
Avec
la venue d'Adolf, le bienfaiteur des grenouilles
Cent-vingt
mille autos toutes vertes
Couraient,
sautaient sur les routes d'Allemagne
Ici,
à Russelheim
Au
moment de la guerre, finies les grenouilles
Et
sur les autoroutes du génial Führer
Roulaient
nos camions pour la Wehrmacht
Et
dans l'air, nos bombardiers pour la Luftwaffe.
Quand
tout fut bombardé, j'ai repris un boulot chez Opel
Mon
frère est resté là-bas, en Russie, seul sous le sol
Et
dans mon garage, il y a toujours sa grenouille verte, verte, verte.
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