1927
- Année dorée de la danse
Canzone
française – Année dorée de la danse – 1927 – Marco Valdo
M.I. – 2011
Histoires
d'Allemagne 28
An
de Grass : 27
Au
travers du kaléidoscope de Günter Grass. : « Mon Siècle » (Mein
Jahrhundert, publié à Göttingen en
1999
– l'édition française au Seuil à Paris en 1999 également) et de
ses traducteurs français : Claude
Porcell
et Bernard Lortholary.
1927 - Année dorée de la danse (Triptyque Otto dix) |
C'était
donc, dit le narrateur, l'année de ma naissance... On est en 1927 et
l'année de la naissance du narrateur et même, dit-il, de sa
naissance dorée. Ainsi commence la canzone du jour...
Oui,
dit Lucien l'âne en souriant, j'entends bien ce que tu me dis, mais
je me pose une question...De quel narrateur s'agit-il ? On devrait
logiquement supposer que ce n'est ni Berta, ni Wilhelm, ni
le
maître d'équipage de l'Empereur... Ni la journaliste suisse, ni les
Orages d'Acier, ni à l'Ouest...
Et
de fait, tu as raison... Ce n'est aucune de ces personnes et
vérifications faites, ce devrait être Günter Grass lui-même.
Résumons : selon la canzone, le personnage du narrateur serait né
en
1927... Günter Grass est né en 1927 ; à Dantzig (présentement,
Gdansk), et dans la canzone, le narrateur dit être né à Dantzig ;
Günter Grass est né le 16 octobre et le narrateur parle de la mi-
octobre.
Et puis, et puis, Günter Grass a écrit le Tambour (Die
Blechtrommel) et d'autres histoires, d'autres grands romans, qui avec
ce dernier forment « La Trilogie de Dantzig ». Et voilà qui est
intéressant,
même si c'est un hasard, mais Dantzig est un lieu problématique...
et même terriblement problématique, tellement problématique
qu'elle (Dantzig est une ville et même, comme tu le
verras
dans la canzone, une ville libre) va être la raison du déclenchement
de la future guerre mondiale. Le prétexte qui sera avancé par
l'Allemagne pour envahir la Pologne en 1939... Mais
comme
tu vois, on n'y est pas encore, quoique la rumeur des fanfares se
fasse entendre dans le lointain... Mais était-ce celle des fanfares
anciennes ou des fanfares futures ? En somme, on était
dans
ce qu'on a si joliment appelé depuis : l'entre-deux guerres.
Ce
serait d'ailleurs, dit Lucien l'âne, cette « entre
deux-guerres », ce serait d’ailleurs là une excellente
définition de la paix. Du moins tant qu'on n'aura pas mis fin à la
Guerre de Cent Mille Ans et à la folle course à la richesse qui y
préside, qui pousse les riches à exploiter toujours plus les
pauvres et à assurer leur domination par la terreur, y compris quand
ils en sentent le besoin par les actions les plus sanglantes. C'est
pourquoi, il me semble si important de consacrer ma vie et mon
temps
à tisser le linceul de ce vieux monde belliqueux, militariste,
surarmé et cacochyme.
Heureusement !
Ainsi
Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane.
L'année
dorée de ma naissance
Est
marquée par la danse
Mi-octobre,
mi-val d'automne
Dans
le lointain, les fanfares résonnent
Golden
pommes, pommes d'or
Ville
libre, Dantzig est un port
Le
Reichsmark se remettait de ses délires
Avant
ce fut terrible, après ce sera pire
Oh
dangers existentiels de la philosophie trop commode
Un
verre à la main, l'Allemagne sacrifiait à la mode
Au
casino de Dantzig, dès le mois d'août
Les
girls, les girls, les girls, partout
Maman
m'attendait avec, dans l'oreille, un ténor
Richard
Tauber un vrai tombeur
Je
t'ai donné mon cœur...
Je
t'ai donné mon corps
Dans
le sirop de Franz Lehàr
Pays
du sourire et fils du tsar
Moi,
impatient, j’attendais ma sortie
L'Allemagne,
elle, attendait son Messie
Il
viendra, il viendra plaqué or, plaqué or
À
Paris, à Berlin, tambour major,
Joséphine
en bananes semait l'émoi partout.
Des
girls, girls, girls, partout
On
dansait beaucoup ces années-là
Longues
jambes dénudées, falbalas
Cabarets,
casernes, filles à soldats
Atalante
courait devant Hippomène
Berlin,
Paris, viens, je t'emmène
Bien
loin de Dantzig, ville de couloir.
Danser
nus, danser dans le noir
Oncle
Max mimait en agitant les doigts
Longues
jambes dénudées, falbalas
On
dansait beaucoup ces années-là
On
criait, on chantait, on dansait partout.
Des
girls, girls, girls, partout
Maman
a fait un voyage avec Force par la Joie
La
danse, comme elle aimait ça
En
Bavière, il y avait un air nouveau
Une
danse plus rude, plus rustique
En
culottes de cuir aux allures folkloriques
Grandes
chaussettes et chapeaux verts à blaireau.
Moi,
impatient, j’attendais ma sortie
L'Allemagne
attendait son Messie
Il
viendra, il viendra gammé or, gammé or
À
Berlin, à Paris, tambour major,
Des
gars, des gars, des gars, partout
Semant
l'effroi, l'effroi, l'effroi, partout
On
dansa beaucoup ces années-là
Longues
jambes dénudées, falbalas
Cabarets,
casernes, filles à soldats
Attelée
aux chars de la mort,
Atalante
ramassera les pommes d'or
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