samedi 7 juin 2014

1945 – D'Est et d'Ouest

1945 – D'Est et d'Ouest

Canzone française – D'Est et d'Ouest – Marco Valdo M.I. – 2011
Histoires d'Allemagne 46


An de Grass : 45
Au travers du kaléidoscope de Günter Grass. : « Mon Siècle » (Mein Jahrhundert, publié à Göttingen en 1999 –
l'édition française au Seuil à Paris en 1999 également) et de ses traducteurs français : Claude Porcell et Bernard Lortholary.

Que pouvions-nous encore raconter ?
On n'arrêtait pas de capituler.

Figure-toi, Lucien l'âne mon ami, qu'il m'a fallu bien du temps pour arriver à écrire cette canzone, cette Histoire d'Allemagne, année 1945, selon Günter Grass.

Je me disais aussi qu'il y avait un certain temps que tu n'en avais plus écrite une de ces Histoires d'Allemagne... Je me demandais pourquoi ; mais j'imaginais bien qu'elle arrive un jour puisque tu avais décidé de faire le siècle complet.

En effet, mais 1945, c'est une année un peu particulière – celle de la fin de la guerre et spécialement, vue du côté où se situent nos conteurs – je te rappelle que les années de guerre sont ressassées par d'anciens correspondants de guerre des journaux de l'armée allemande et de la sinistre société des SS. Et celui qui conte les conteurs a dû lui-même rencontrer cette difficulté. Comment raconter en quelques strophes l'année 1945 ... Quand on est Allemand et qu'on y a participé...

Et alors ?, dit Lucien l'âne particulièrement attentif et insistant d'un geste répété des oreilles.

Alors... Günter Grass fait une parabole... Il relate la tempête qui frappe l'Allemagne et qui va dévaster Hambourg et l'île de Sylt, au moment où se tient la rencontre (février 1962). Écoute un instant comment il commence : « ... Les sirènes hurlèrent peu après vingt heures. C'était comme la guerre. L'ouragan frappa l'île sur toute sa longueur et de toute sa force... Nos années au front nous avaient entraînés à être sur l'événement, et si possible en première ligne... »

C'est en effet une excellente parabole de l'année en question, si l'on considère l'Allemagne nazie dans son insularité finale. L'ouragan pour raconter l'ouragan...

Et dès lors, en tant que « spécialiste », que conteur spécialisé, il va raconter la tempête qui frappe l'île durant leur réunion d'anciens correspondants ; ce fut un véritable raz de marée, la côte fut emportée sur seize mètres de profondeur, l'île isolée du monde... et les correspondants de crapahuter dans cette pandémonie climatique. Pour l'année 1945, pas grand chose, quelques mots pour dire ce qu'ils n'avaient pas écrit ou sur ce que leurs revues n'avaient pas publié.

Et alors, dit Lucien l'âne, tout interloqué. Face au vide ou au presque vide, qu'as-tu fait ?

J'ai fait ce qui s'imposait – à mes yeux, du moins, mon cher Lucien l'âne mon ami. J'ai traduit... le silence. J'ai raconté le non-dit, le quasiment-indicible pour un correspondant de guerre allemand aux temps du nazisme et même, après. Franchement là, je ne me voyais pas procéder par allusion. Pour moi, il fallait que la chose soit dite... Il me fallait appeler la capitulation de son nom : capitulation et dire la fin du Reich de mille ans intervenue après douze ans. Il fallait marquer la fin de cet épisode de la Guerre de Cent Mille Ans que les riches font aux pauvres pour les asservir et les contraindre au travail et que les riches font à d'autres riches pour s'assurer plus de richesses et de pouvoir encore. Ad infinitum... Espèrent-ils...

Ad infinitum... dit Lucien l'âne en se raidissant et en levant sa queue en forme de bâton d'affirmation. Voire. Il s'agit de comprendre le sens de cette guerre des deux mondes (celui des riches et celui des pauvres) et de bien percevoir que la Guerre de Cent Mille Ans et dès lors, toute guerre, est consubstantielle (maintenant, ils disent : est dans le DNA) au monde des riches. C'est une guerre où il n'y a pas de compromis possible : si on veut (et on veut) y mettre fin, la folle poursuite de la richesse, l'avidité... doit disparaître, un point, c'est tout. Voilà pourquoi, nous tous, nous devons inlassablement tisser le linceul de ce vieux monde polémofère, fauteur de guerres, assassin et cacochyme.


Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane.



D'Est et d'Ouest, l'ouragan est arrivé
Tout s'est écroulé, tout a flambé
Lugubre année mil neuf cent quarante-cinq
Dieu n'était plus avec nous, Dieu nous avait lâchés
Remember, aucun n'a pu oublier
Mil neuf cent quarante-cinq

En février, à Dresde, on fêtait Prince Carnaval
Drôle de carnaval, macabre féérie
Feux d'artifice en prime, la RAF ouvrait le bal
Quarante mille morts dans cet incendie
Remember Coventry, réduite à rien
Lady Godiva vous salue bien.

D'Est et d'Ouest, l'ouragan est arrivé
Tout s'est écroulé, tout a flambé
Lugubre année mil neuf cent quarante-cinq
Dieu n'était plus avec nous, Dieu nous avait lâchés
Remember, aucun n'a pu oublier
Mil neuf cent quarante-cinq

Le 30 avril, dans son trou, à Berlin
Le Tambour de fer blanc s'est éteint
Enfin la capitulation vînt,
Et en premier, en France
Fit sauter cette sinistre engeance
Mettant fin à douze ans de démence.

D'Est et d'Ouest, l'ouragan est arrivé
Tout s'est écroulé, tout a flambé
Lugubre année mil neuf cent quarante-cinq
Dieu n'était plus avec nous, Dieu nous avait lâchés
Remember, aucun n'a pu oublier
Mil neuf cent quarante-cinq

Que pouvions-nous encore raconter ?
On n'arrêtait pas de capituler.
En tous cas, c'était en mai
Tous les jours, on capitulait
Le sept, le huit, le neuf, tous les matins
Friedeburg, Jodl, Stumpff, Keitel, Reims, Berlin

D'Est et d'Ouest, l'ouragan est arrivé
Tout s'est écroulé, tout a flambé
Lugubre année mil neuf cent quarante-cinq
Dieu n'était plus avec nous, Dieu nous avait lâchés
Remember, aucun n'a pu oublier
Mil neuf cent quarante-cinq

C'était en mai, au milieu du printemps
Quand survînt l'ouragan.
Un Reich allemand
Disparut en un instant.
Après tout juste douze ans
Disparut le Reich de Mille Ans

D'Est et d'Ouest, l'ouragan est arrivé
Tout s'est écroulé, tout a flambé
Lugubre année mil neuf cent quarante-cinq
Dieu n'était plus avec nous, Dieu nous avait lâchés
Remember, aucun n'a pu oublier
Mil neuf cent quarante-cinq 
Mil neuf cent quarante-cinq

En février, à Dresde, on fêtait Prince Carnaval
Drôle de carnaval, macabre féérie
Feux d'artifice en prime, la RAF ouvrait le bal
Quarante mille morts dans cet incendie
Remember Coventry, réduite à rien
Lady Godiva vous salue bien.

D'Est et d'Ouest, l'ouragan est arrivé
Tout s'est écroulé, tout a flambé
Lugubre année mil neuf cent quarante-cinq
Dieu n'était plus avec nous, Dieu nous avait lâchés
Remember, aucun n'a pu oublier
Mil neuf cent quarante-cinq

Le 30 avril, dans son trou, à Berlin
Le Tambour de fer blanc s'est éteint
Enfin la capitulation vînt,
Et en premier, en France
Fit sauter cette sinistre engeance
Mettant fin à douze ans de démence.

D'Est et d'Ouest, l'ouragan est arrivé
Tout s'est écroulé, tout a flambé
Lugubre année mil neuf cent quarante-cinq
Dieu n'était plus avec nous, Dieu nous avait lâchés
Remember, aucun n'a pu oublier
Mil neuf cent quarante-cinq

Que pouvions-nous encore raconter ?
On n'arrêtait pas de capituler.
En tous cas, c'était en mai
Tous les jours, on capitulait
Le sept, le huit, le neuf, tous les matins
Friedeburg, Jodl, Stumpff, Keitel, Reims, Berlin

D'Est et d'Ouest, l'ouragan est arrivé
Tout s'est écroulé, tout a flambé
Lugubre année mil neuf cent quarante-cinq
Dieu n'était plus avec nous, Dieu nous avait lâchés
Remember, aucun n'a pu oublier
Mil neuf cent quarante-cinq

C'était en mai, au milieu du printemps
Quand survînt l'ouragan.
Un Reich allemand
Disparut en un instant.
Après tout juste douze ans
Disparut le Reich de Mille Ans

D'Est et d'Ouest, l'ouragan est arrivé
Tout s'est écroulé, tout a flambé
Lugubre année mil neuf cent quarante-cinq
Dieu n'était plus avec nous, Dieu nous avait lâchés
Remember, aucun n'a pu oublier

Mil neuf cent quarante-cinq 

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